Conversation 70603 - Les haredim décideront de tout !

sarah89
Jeudi 25 juillet 2013 - 23:00

Bonjour,
A l époque du Sanhedrin, une decision etait prise selon l opinion de la majorité.
Si aujourd hui on rétablissait un sanhédrin la majorité serait haredit et cela voudrait dire qu il faudrait suivre leur décisions (que je ne partage pas)
Qui me dit que ce ne fut pas ce qui se passa à l époque de la guemara. La Majorité des rabbanim fixèrent la halaka, si ler vision de la torah était comme celle des haredim cela voudrait dire qu on appliqe cette vision.
La majorité est elle finalement la solution?

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Rav Samuel Elikan
Jeudi 1 août 2013 - 10:04

Shalom,
Premièrement, nous n'avons malencontreusement pas de Sanhédrin, donc on ne sait pas comment c'est avec un Sanhédrin.

De plus, qui vous dit que tous les rabbins, tels que vous les voyez dans la société juive aujourd'hui y auront place ?
Il y a de nombreuses conditions d'acceptation: il faut avoir beaucoup de culture générale (surtout en sciences, afin d'adapter la Torah à chaque situation - 1), de connaissances, tant en Torah que dans les autres sagesses, être sage, humble, craignant D'ieu, indifférent au gain d'argent, aimer la vérité, aimer son prochain et avoir bonne réputation etc. (2). Ils doivent également être spécialistes de tous les cultes idolâtres (3) et de préférence être complètement polyglottes (4), afin de ne pas avoir besoin d'interprète en écoutant un témoignage et afin de pouvoir examiner des documents écrits dans différentes langues (5). Ils doivent également être en très bonne forme physique et avoir une belle apparence, par conséquent un homme ayant un défaut ou un handicap ne saurait être membre du Sanhédrin (6). Un homme trop vieux, stérile ou sans enfant non plus (7). Chacun des membres doit venir d'une famille qui n'a jamais été blâmée, par conséquent, un "mamzer" ne saurait en faire partie (8).

En outre, il convient de comprendre ce que légifère le Sanhédrin : et il semble clair qu'il s'agit surtout de problèmes pénaux plus que de "vision du monde" à adopter (9).

De surcroît, il existe une grande discussion entre les Ah'aronim quant à savoir quand on suit la majorité (10).

Hormis ces questions d'ordre "théorique", il est un aspect bien plus important qu'il faut comprendre: la différence notoire entre la vision "h'aredit" et celle qui ne l'est pas. Notre vision du monde provient des propos de nos Sages. Ceux-ci sont pluriels et divergents, toutefois ils permettent un certain paradigme, un cadre. C'est celui-ci auquel tous les juifs du monde, qui acceptent l'enseignement rabbinique, adhèrent. Il n'y a donc pas de différence notoire, on fait tous partie du même Peuple et devons aspirer à l'unité plutôt qu'à la recherche de différences et distinctions.
La question de la place du sionisme dans le judaïsme est une question importante, tout comme notre lien au monde qui nous entoure, et au passé, mais ce sont des questions mineures dans le cadre, beaucoup plus large, de la loi et la pensée juive.

Votre question touche ce qu'on appelle la méta-halah'a. Nous n'appliquons en fait aucune "vision" à proprement parler et la question de la pensée et des opinions de nos Sages reste tant ouverte que fascinante. Nous appliquons une loi que nous présumons comme Volonté Divine et qui doit nous aider à nous rapprocher de D'ieu.

Kol touv

Sources:
(1) cf. Kouzari II 64 et RaMaKh cité par le Kessef Mishné hil. Sanhédrin 2,1
(2) cf. TB Sanhédrin 88b; TY Sanhédrin chap. 1, hal. 4; Tossefta H'aguiga 2,4; Sifrei 92, sur Bamidbar 11:16; Rambam hil. Sanhédrin 2,1 et 7 et Sh. Ar. HM 7,11 et comm.; etc.
(3) cf. TB Sanhédrin 17a et Menah'ot 65a.
(4) cf. TB Sanhédrin id. et Menah'ot id. Makot 6b; Sh. Ar. HM 17,6 et 28,6; Pith'ei Teshouva, ad loc. 28,19 ; resp. Tashbetz I, 160 (vers la fin).
(5) cf. Ran Makot 3a s.v. Davar Asher et Tosefot Yom-Tov Makot 1,9 et Sema HM 28:34
(6) TB Sanhédrin 36b (avec Margaliot HaYam, ad loc, lettre 19) et Yebamot 101a; Rambam hil. Sanhédrin 2, hal. 6 et 9, ainsi que 4,10; cf. resp. H'atam Sofer OH 12. Même un malvoyant, et même d'un seul œil ne pourra pas être membre du Sanhédrin - cf. Sanhédrin 34b, Niddah 49b; Sh. Ar. HM 7,2 Ktzot et Netivot, ad loc.; Rambam, hil. Toum'at Tzara'at 9,5.
(7) TB Sanhédrin 36b; Tossefta Sanhédrin 7,3; TY Sanhédrin chap. 4, hal. 7 (23a dans l'éd. Vilna), selon la compréhension du Tour dans HM 7 cf. aussi Pnei Moshé et Amoudei Yeroushalaim, ad loc.; Beour HaGra sur Sh. Ar. HM 7,13.
(8) TB Sanhédrin 32a et 36b; Kidoushin 76a; Niddah 49b; Horayot 4b; Rambam, hil. Sanhédrin 2,9 et hil. Shegagot 13,1.
(9) Je vous invite fortement à voir les propos du Rav David Zvi Hoffman dans son commentaire sur la Torah, Devarim, chap. 17, p. 302-305 quant à l'interprétation du verset concernant le domaine de législation du Sanhédrin. cf. aussi Drashot HaRan, 11.
(10) Lorsqu'il y a une h'azaka - dans les lois civiles seulement ou dans les lois pénales seulement - cf. Shav Shemateta au nom de son frère et Sha'arei Yosher (III, chap. 1-3), du Rav Shimon Shkop qui lui répond. cf. encore BeTorato shel Rav Guedalia, Halih'a Ah'ar HaRov.