Conversation 71869 - Lalalala on prie...

Google55
Mercredi 2 octobre 2013 - 23:00

Shalom à tous les rabbanim,

Je me pose une question depuis fort longtemps au sujet de la Tefila.
Lorsque nous chantons en cœur lors de shabbat ou des fêtes, il arrive que nous ajoutions des mots ou des syllabes dans le texte du siddour.
Par exemple naaaaaa-naaaaa-naaaakdishar... Dans la kedousha.
Ou encore dans la Tefila d'arvit : tora-tooooraaaa...tora oumitsvot...h'oukim h'oukim...oumishpatim... Etc. (3 fois le mot Tora au lieu d'une seule fois et 2 fois le h'oukim au lieu d'une fois).
Est-il permis de prier ainsi ?
Par extension, j'ajoute qu'il m'arrive de bégayer (de façon involontaire et incontrolée) lors de ma Tefila (celà peut egalement arriver sur le mot "ado....") et je répète donc plusieurs fois le même mot jusqu'à le prononcer d'une façon que j'estime correcte. Y'a-t-il un problème à dénaturer ainsi le texte initial écrit dans le siddour ?
Merci d'avance de votre réponse ! :-)

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Rav Samuel Elikan
Jeudi 7 novembre 2013 - 07:55

Shalom,

La mishna (TB Berah'ot 33b) nous apprend que quiconque répétant deux fois "modim" dans la prière est tu.
La raison à cela est qu'en apparence il semble prier deux entités, deux divinités.
Rabbi Zeira étend cette loi pour le Shema (guemara, ad loc).
La guemara pose alors la question suivante: il y a un enseignement (beraita) affirmant que répéter des mots dans le Shema est impropre (meguneh), ce qui veut dire que ce n'est pas bien, mais on ne va pas jusqu'à le faire taire.
La guemara répond qu'il n'y a en cela aucune contradiction: cela dépend si on répète toute une affirmation ou mot à mot.

Rashi explique que répéter une expression peut être compris comme le fait de s'adresser à deux déités, alors que répéter chaque mot deux fois est une marque d'irrespect, de dédain "seulement", c'est-à-dire que l'affront est moins grave.

Le Rif (Rabbi Itzh'ak Alfassi) en comprend cependant le contraire: répéter des mots est une marque de croyance en deux entités divines, alors que répéter des versets entiers n'est "qu'une preuve" de dédain.

Le Shoulh'an Arouh' (Orah' H'ayim 61,9) pour ne pas trancher entre les deux opinions fixe qu'il est interdit tant de répéter des mots du Shema que ses versets. Uniquement en cas de sentiment de manque de concentration, on peut en répéter une partie (Mishna Beroura, ad loc. s.k. 22).

Le problème d'avoir l'air de s'adresser à deux déités ne s'applique cependant pas à la majorité des passages du Shema et de la Tefila (Beit Yossef OH 61).
En outre, de nombreux décisionnaires écrivent que le problème du "manque de respect" lié à la répétition non nécessaire de mots existe dans la prière.

Le Maharam Shick (OH 31) rapporte cinq problèmes possibles liés à la répétition lorsque celle-ci n'est pas nécessaire. Son argument le plus sérieux concerne les parties de la tefila où l'on n'a pas le droit de parler - le problème du "hefsek" (interruption de la prière).

Le Rav Moshe Feinstein (resp. Iggrot Moshe OH 22), traitant la question, explique que ce n'est pas toujours le cas, la répétition n'est pas forcément une interruption. Si on maintient l'ordre des mots, dit-il, cela ne peut pas être considéré comme une interruption (hefsek). Sa preuve réside dans le fait qu'on permette de répéter des mots pour lesquels on ne s'est pas concentré, alors qu'on s'est déjà acquitté de la prière en question. Par contre, ajoute-t-il, lorsque la répétition provoque que les mots de la prière ne sont plus exprimés dans l'ordre et la signification originelle est perdue, cela est considéré comme une interruption (hefsek) qui requiert que l'on récite à nouveau, convenablement, la prière en question (cf. OH 104 pour voir jusqu'où revenir en arrière).

L'auteur du Aroh' HaShoulh'an (OH 338,8) justifie l'usage de répéter des mots dans la prière en expliquant que si la guemara a précisé pour quels mots on fait taire, il est évident que pour le reste de la prière il est permis de répéter des mots.

Ainsi, dans l'idéal il vaut mieux ne pas se répéter, mais lorsque c'est l'usage - il n'y a pas de raison de l'abolir, ni de réprimander les gens à ce propos.

Kol touv