Conversation 73364 - Troubles de la emouna !

juive0211
Mercredi 15 janvier 2014 - 23:00

Bonjour! Je voudrais commencer par vous féliciter, ce site est génial :)

J'ai quelques questions qui me tracassent beaucoup dernièrement.

J'ai été témoin de deux scènes qui m'ont énormément troublées :

Lors d'une conversation avec une très bonne amie à moi, qui se pose beaucoup de questions sur l'existence de D'ieu, ce que ça veut dire et ce que ça implique, je lui ai posé la question suivante: si quelqu'un te demande si tu es croyante, que répondras-tu après plus d'un an d'étude et de recherche?
Elle m'a dit que non, elle répondrait qu'elle n'est pas croyante.
Lorsque je lui est demandé pourquoi, elle m'a dit: de peur qui si cette personne est religieuse, elle pense que je croie "en la même chose qu'elle".

La deuxième scène, toujours avec cette même fille, s'est passée à l'école quand nous sommes allées voir le directeur de notre école (je précise que j'ai étudié dans une école dati-leumi).
Lorsque nous nous étions dans le bureau du rav, mon amie et lui ont eu une conversation sur la religion, et j'ai cru comprendre que le tsibour dati leumi faisait de la avoda zara mamach. Et que la définition qu'ils donnent de D'ieu était fausse. Le rav était également d'accord sur ce fait.

Suite a tout cela, j'ai eu beaucoup de discussions avec cette fille, et je me suis rendu compte que je vivais peut-être dans le mensonge, dans un tsibour qui a déformé "D'ieu" et qui l'a adapté à ses besoins. Et dont tout le système éducatif est basé sur quelque chose qui n'est pas vrai.

J'espère que je suis a peu près claire, et j'aimerais que vous m'aidiez si possible à résoudre ce "problème" a cause duquel je ne dors plus.

Merci d'avance pour votre réponse :)

Rav Samuel Elikan
Dimanche 19 janvier 2014 - 07:23

Shalom,
Tout d'abord merci de vos encouragements, cela fait plaisir.
Je comprends tout à fait que vous ressentiez des troubles suite à ces différentes discussions, et ce sentiment de "mensonge", de "tromperie" n'est pas évident du tout.

Il est clair que la "emouna", la foi est quelque chose de personnel, d'intime, voire d'indicible, on ne peut pas la présenter sous forme d'article ou l'exprimer... de là à se définir non-croyante, il y a un pas. L'expression "être croyant" ou "avoir la foi" n'a, à mes yeux, aucune signification. L'important, je pense, c'est d'être sincère avec soi même et authentique. On croit tous en quelque chose, parfois même, on se ment à nous même, en croyant qu'on ne croit en rien.
La question n'est pas tant le fait de croire, ou d'avoir confiance qui est une chose nécessaire (il est difficile, voire impossible, de vivre seul, sans faire confiance à qui que ce soit par exemple), mais la question est en quoi nous croyons, en quoi nous donnons notre confiance (comme en d'autres personnes, en nos Ancêtres qui ont donné leur vie pour permettre la transmission du Judaïsme, en nos valeurs qui nous rendent vraisemblablement meilleurs, en D'ieu, en la Torah, etc.).

C'est cela que nous devons vérifier avec nous mêmes.
En quoi est-ce que je crois ? Pourquoi ?
Il semble clair que deux personnes différentes n'auront pas les mêmes croyances, car chacun a un caractère différent qui va le pousser à admettre certaines choses plutôt que d'autres.
Pour certains, on pourra atteindre ce sentiment de "certitude" en réfléchissant à chacune des croyances et en les traitant rationnellement, les "objectivant", pour d'autres c'est par les sentiments, l'intuition, la méditation, l'expérience spirituelle, etc. pour d'aucuns les actes d'acceptation du joug Divin procurent une sensation d'acceptation de soi-même comme "annihilé" devant l'Infini, permettant de voir qu'il n'y a d'autre chose que la Volonté Divine. D'autres encore, voient la "emouna" comme un choix de vivre selon la "temimout", la simplicité (c'est-à-dire en considérant tout ce qui nous advient comme la conséquence Divine de nos actions, nos choix) tout en étant conscient des règles "objectives" de la nature, les conclusions scientifiques, etc. Bref, il y a différents moyens de dévoiler la lumière de notre âme, tant par les sentiments que par l'intellect ou encore par les actes.

Quant à la conception de D'ieu au sein du "tzibour dati-léoumi", j'avoue que j'ai du mal à vous suivre (peut-être ne parlons-nous pas exactement du même milieu), quelle est la conception de la Divinité qui vous semble mensongère ou idolâtre ?

Cordialement,