Conversation 73874 - Kippa ou pas?!

Meir96
Dimanche 16 février 2014 - 23:00

Bonjour,
Après m'être informé sur l'obligation du port de la Kippa sur votre site, il en ressort que les avis divergent. En effet, du fait que le fils de Yeoshua ne faisait pas plus de quatre coudées sans se couvrir la tête, certains rav ont obligé à porté la kippa mais d'autre sont moins strictes. Il y en a qui commentent que la kippa n'est obligatoire qu'en prière ou que dans un sinagogue. Ou d'autres comme le Rambam décrète que ce n'est en aucun cas une obligation mais une ligne de bonne conduite.
Tout d'abord, je ne comprends pas pourquoi certains Rav peuvent dire qu'il est obligé de prier avec la tête couverte puisque que l'homme ne faisai que marcher. Je comprends encore moins le fait que la kippa soit devenue une obligation pour un unique "cas" du fils de yeoshua. Je n'arrive pas à comprendre le raisonnement de ces rav. Le raisonnement du Rambam me paraît, comme toujours, le plus objectif et intelligent. Je ne comprends donc pas pourquoi tous les juifs pratiquants se couvrent la tête.
Personellement, je trouve ça désagréable de me couvrir la tête, en plus ce n'est pas une obligation. Cependant, je suis en train de faire téchouva depuis environ 1 mois et demi. J'ai donc pris sur moi d'être chomer néguia qui est une obligation certaine. Ce serait alors bizarre, que je dise aux filles que je ne fais pas la bise mais que je ne porte pas la kippa. Existe-t-il des juifs ainsi?
Merci de votre disponibilité et de votre site qui est une très bonne idée.

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Rav Samuel Elikan
Mardi 11 mars 2014 - 20:25

Shalom,
Je tiens tout d'abord à féliciter votre démarche. Bravo et bonne continuation ! Faire teshouva n'est pas évident, et on devrait tous perpétuellement faire une démarche similaire, selon le niveau où l'on se trouve...

Certes, il existe des juifs qui ne font pas la bise mais ne portent pas la kippa et il est très important, comme vous le notez, de distinguer des fautes graves liées à des interdits certains d'usages et d'habitudes.

Toutefois, je pense qu'il faut savoir que la loi juive donne beaucoup d'importance aux habitudes, aux usages. C'est notre patrimoine, notre culture, notre identité. La halah'a (loi juive) reconnaît cela ainsi, et, par conséquent, plusieurs usages, dont le port de la kippa, ont pris, avec le temps, force de loi.
Aujourd'hui, il existe effectivement une loi, dont la base est effectivement une "bonne habitude", comme vous le souligniez, de porter la kippa - mais c'est une halah'a (loi) - cf. Shoulh'an Arouh' OH 2,6 (cf. aussi id. 91,3 où il est écrit que l'on ne peut prier et citer le nom Divin que la tête couverte).

Les décisionnaires contemporains ont écrit qu'il y a une raison supplémentaire de porter la kippa: la définition de notre identité, de notre apparence (resp. Tzitz Eliezer IV, 8) et de facto la lutte contre l'assimilation (resp. Yeh'ave Da'at IV, 1).
Les habits, au delà du rôle qu'ils ont (nous couvrir) ont également un aspect symbolique. Ils représentent quelque chose, sont une manière de "me dévoiler" dans le monde. C'est notre apparence. Elle constitue également une affirmation quant à notre identité (socio-économique, religieuse, voire politique, etc.). Les habits sont des symboles. Il faut en être conscient. Je comprends tout à fait que le fait de porter la kippa puisse être ressenti comme désagréable, mais si on comprend son importance, le fait que celle-ci nous rappelle qu'il y a toujours quelque chose au-dessus de notre tête, nous permet généralement de surmonter cela.

Quant à l'histoire talmudique concernant Rav Houna fils de Rabbi Yehoshoua, elle est rapportée relativement à un seul Sage, mais il s'avère que l'usage général pour les hommes était de se couvrir la tête, au moins lorsqu'ils priaient ou accomplissaient certains commandements, comme on le voit à plusieurs reprises dans le Talmud (les juges se couvraient la tête pour juger; lorsqu'on allait visiter un malade aussi on se couvrait la tête - cf. aussi TB Shabat 156b; 118b et Kidoushin 31a et comm. ad loc. concernant la nécessité de se couvrir la tête).

Quoi qu'il en soit, en cas de danger, ou de problème quelconque, voire désagrément on peut très bien marcher, comme vous le dites, sans la kippa.
Le Rav Moshé Feinstein a ainsi permis à un juif d'aller à un entretien d'embauche sans kippa, afin d'obtenir l'emploi, tout en sachant que sur le lieu de travail il pourrait la porter sans problèmes (resp. Iggrot Moshe OH IV, 2).

Cordialement,