Conversation 74453 - Fêter Pessah'... en avance, c'est permis ?

jobijoba
Mardi 25 mars 2014 - 23:00

Bonjour,
J'ai des amis qui ont décidé cette année, parce que ça les arrange point de vue emploi du temps, de ... faire un seder de Pessah la semaine d'avant (on dirait une blague non? mais ils sont sérieux !). En fait ils ne sont pas du tout pratiquants mais sont attachés à l'idée d'une réunion de famille, et à l'histoire de Pessah.
Mon mari et moi sommes invités. Ils savent que nous mangeons casher et pour le dîner je sais qu'ils prévoiront en conséquence ; je pense qu'ils liront la hagada en français.
Sur le principe est-ce que le fait de participer à cette soirée comporte quelque chose d'interdit ??
Merci d'avance!

Rav Samuel Elikan
Mercredi 2 avril 2014 - 18:18

Shalom,
Je n'y vois rien d'interdit, si ce n'est l'usage de ne pas manger de matza depuis Rosh H'odesh Nissan jusqu'à Pessah' et il faut faire attention de ne pas dire le Nom de D'ieu pour rien ou de faire des bénédictions qui n'ont pas lieu d'être à ce moment là, comme pour les quatre coupes, et d'autres bénédictions récitées durant le Séder. Tout comme le Hallel qu'il ne faut pas dire.
Hormis tout cela, qui sont en fait des détails (importants, mais des détails), je crois qu'il y a surtout un problème de fond: une aliénation notoire de notre tradition.
Les fêtes ont des dates précises auxquelles nous attribuons une grande signification. Se joindre à ce genre de fêtes, qui sont quelque part, je m'excuse du terme, une "mascarade", n'est pas très souhaitable, ni même conseillé.
Selon la loi juive, dans son sens sec, ce n'est pas interdit. Toutefois, au delà de la lettre, il y a l'esprit de la loi et à ce niveau, j'y vois vraiment quelque chose de péjoratif, remettant en cause toute notre tradition et notre identité, ainsi que la légitimité de la loi qui est fixée dans une certaine temporalité.
Se joindre à ce genre de fête, c'est légitimer quelque part une remise en cause de la loi juive au profit de ses "idées et valeurs". C'est affirmer que l'esprit peut être différent de la lettre qui le porte et transmet de génération en génération... On voit bien, l'histoire (juive en particulier) nous l'a prouvé, que si l'on ne respecte pas les limites de la loi, ces mêmes idées et valeurs se retrouvent altérées, aliénées...

Maintenant, il est clair que leur volonté en elle même est excellente et digne de louanges. Elle provient d'une bonne intention. A nous de trouver le moyen de les aider à l'exprimer dans le cadre de la loi, au moment voulu.

Il est intéressant de noter que sur le verset de Mishlei (15:23): "...combien précieuse une parole dite à propos!", que l'on peut aussi traduire par "...combien est bonne une chose en son temps!", Rashi (ad loc.) explique qu'il faut s'interroger sur (et j'ajoute vivre) les lois de Pessah' et des fêtes à leur juste moment.

Pessah' sameah veKasher.
Cordialement,