Conversation 78250 - Lire la Torah à 8 ans...

Neri
Lundi 29 juin 2015 - 23:00

Mon fils aîné a huit ans et a appris à lire avec moi, à la maison. Il lit assez bien dans le Tikkun que je lui ai offert et a déjà lu une vingtaine de maftir en 18 mois à la synagogue le Shabbat.

Il prie tous les matins avec moi et comprend clairement vers qui nous prions. Lui est il permis de lire une ou plusieurs alyot à la bima? Il a préparé shishi et shevii.

Je dois préciser que je suis sépharade. Y a-t-il des écrits précis sur le sujet? Quels sont ils et comment élucider cette question?

Merci d'avance

Rav Samuel Elikan
Lundi 6 juillet 2015 - 03:50

Shalom,

Tout d'abord un grand bravo à vous et à votre fils, c'est admirable.

En réalité, cela dépend des coutumes.

Selon le Talmud (1) même un enfant peut monter à la Torah.

Cet avis est retenu et fixé par le Rambam (2), qui ajoute que c'est à la condition que l'enfant sait vers qui l'on prie (c.-à-d. D'ieu). Et c'est également ainsi que tranche le Shoulh'an Arouh' (3).

Selon cela, l'usage des juifs yéménites est de faire monter à la Torah et lire des enfants ayant moins de 13 ans.

Toutefois, nombreux sont les décisionnaires s'opposant à cela.

Le Mishna Beroura (4), par exemple, écrit :
"de nos jours, l'usage est lorsqu'il n'y a pas de kohen de plus de 13 ans, on fait monter un Israël (c-à-d quelqu'un qui n'est pas kohen ou lévi), et ce même s'il y a un autre kohen ayant moins de 13 ans présent. En outre, de nos jours aucun enfant (de moins de 13 ans) n'est appelé pour une montée à la Torah, et ce, même si les sept montées ont déjà été complétées".

D'où ce changement provient-il ?
Pourquoi de nos jours un jeune de moins de 13 ans ne pourrait-il pas monter à la Torah ?

Le Rav H'ayim David HaLévy (5) explique qu'à l'époque du talmud nombreux étaient les hommes ne sachant pas lire et par conséquent on pouvait donner la montée à un enfant qui savait lire.
Cependant, de nos jours, généralement il y a un ba'al koré, quelqu'un qui lit à la place de celui qui monte, par conséquent la nécessité de faire monter des enfants n'existe plus.
Seulement, écrit-il, dans un cas où personne dans la synagogue ne sait lire convenablement la parasha et cela pourrait engendrer que la lecture soit annulée, on pourra alors laisser un enfant monter et lire dans la Torah.

Il ajoute que l'usage le plus répandu est cependant de laisser monter l'enfant pour maftir (6).

Le Rav Ovadia Yossef écrit qu'en cas de besoin on peut laisser l'enfant lire et monter même pour une des sept montées (7). Et il pourra lire, même si quelqu'un de plus grand sait lire dans la synagogue, surtout si l'enfant a bien appris et cela lui causerait du tort de ne pas lire (8).
Je crois savoir que le Rav Mazouz encourage les enfants à lire pour des raisons éducatives.

Par ailleurs, il est à noter que certaines communautés ont même pour usage de ne pas faire monter des gens qui ne seraient pas mariés (9).

Quoi qu'il en soit, on suivra donc l'usage de la communauté.

Cordialement,

(1) TB Meguila 23a
(2) hil. tefila 12,17
(3) OH 282,3
(4) 282, s.k.12
(5) Mekor H'ayim, t.III, p. 110
(6) cf. aussi resp. Yaskil Avdi VII, 6 et VIII, 36, Sh. Ar. HaRav (H'abad), 284,9.
(7) cf. resp. Yeh'ave Da'at II,15 et IV,23.
(8) resp. Kiryat H'anna David II,43; resp. Iggrot Moshé II,72; resp. Tzitz Eliezer VII,1; resp. Yeh'ave Da'at V,25.
(9) cf. Tashbetz II, 61; Kaf HaH'ayim, 282, s.k. 24; dans la revue Kol Torah (Tishrei, 5749) il est rapporté que c'était l'usage à la Altneushul à Prague, sauf pour la Bar Mitzva.