Conversation 79008 - Le retour des morts, c'est où ?

joackim
Lundi 26 octobre 2015 - 23:00

Bonsoir
Tout d abord j ai un probleme technique je ne retrouve pas mes dernieres questions
Je veux dire elles n apparaissent pas sur mon profil
Deuxiemement je voudrais savoir comment se fait il que la resurection des morts qui est un principe fondamental de notre torah (a tel point que celui qui ne reconnait pas son origine divine n a plus de part au monde futur) n est pas mentionnee 'clairement' dans la torah mais uniquement par un raisonnement base sur une promesse faite a Aharon au sujet de la Terouma (sanhedrine chap 10 ou 11)
Merci

Rav Samuel Elikan
Mercredi 28 octobre 2015 - 03:59

Shalom,

1) Vous rappelez-vous des numéros de questions ? Si oui, envoyez les nous, pour qu'on puisse voir où elles sont passées...

2) Je crois que votre question est similaire à celle concernant le monde futur. Pourquoi ce dernier n'est-il pas énoncé clairement dans la Torah ?

Quoi qu'il en soit, ici c'est encore moins clair et le Rambam dans sa lettre sur la résurrection des morts (Iggéret Teh'yiat HaMetim) explique que dans la Torah les récompenses et punitions sont exposées de manière imminentes : si vous faites les mitzvot - vous aurez la bénédiction, sinon - la malédiction et cela est décrit de manière "physique" et bien réelle, la bénédiction est d'ordre matérielle, tout comme l'est la malédiction. Cela permit au Peuple, affirme le Rambam, qui n'était alors pas très "sage", d'accomplir la Volonté Divine et de croire en cette dernière. Si on leur avait parlé de monde futur et de résurrection, ils ne l'auraient premièrement pas bien compris et auraient eu du mal à l'accepter et deuxièmement, ils n'auraient pas fait attention aux commandements puisque les récompenses et punitions sont lointaines, pourquoi s'en troubler maintenant ?
Cette réponse du Rambam est très pragmatique et liée au manque de confiance et sagesse de la génération qui a reçu la Torah ; seulement plus tard, une fois que la confiance en D'ieu et la sagesse est un peu plus élaborée, les prophètes peuvent dévoiler ces notions.

Cependant, selon Rav Sa'adia Gaon (Emounot veD'eot IX) et Rabbenou Yona (Sha'arei Teshouva III, 154), tout cela n'est pas nécessaire, puisque selon eux la résurrection des morts est effectivement écrite dans la Torah, et nos Sages - par allusion - ne font qu'exprimer une autre idée liée à la nature de cette dernière (cf. encore Sfat Emet Pessah' 5642), ils n'en donnent ainsi pas réellement la source. Selon eux, et d'autres encore (cf. Menorat HaMaor Ner IV, Klal 2, IIIème part., chap. 1), il s'agit de ce verset dans la parashat Ha'azinou (Devarim 32,39) :
"Reconnaissez maintenant que c'est moi, qui suis Dieu, moi seul, et nul dieu à côté de moi! Que seul je fais mourir et vivre, je blesse et je guéris, et qu'on ne peut rien soustraire à ma puissance".

Rabbenou Bah'yei ben Asher (Shoulh'an Shel Arba, port. IV) semble dire que la Torah voile cela (le monde futur, le monde des âmes, la résurrection des morts, etc.) car nous ne saurions véritablement comprendre cela et cela troublerait de nombreuses personnes, tout comme la Torah, selon lui voile encore beaucoup d'autres éléments mystiques et profonds.
Il écrit par ailleurs explicitement dans son commentaire sur Devarim 32:43 :
"la réponse à cette question est comme je te l'ai déjà écrit plusieurs fois, la voie de la Torah est d'être concise et brève à propos des éléments voilés. Et plus la chose est voilée, plus les versets (y faisant allusion) seront brefs, et le propos sera bref et allusif. Ainsi en est-il dans l'acte de la Création, la première lumière est (décrite) de manière très brève, alors que la troisième jour (c'est plus long)... "
Par la suite de son propos (ad loc) il reprend l'argument du Rambam qu'il fallait d'abord fixer la foi en D'ieu pour pouvoir éduquer le Peuple aux éléments plus complexes à la compréhension.
Ce n'est pas en vain que le Ralbag (comm. sur Shemouel I 2:6) dit que la résurrection des morts est le summum de l'inintelligible ("tah'lit hapelé").

Cf. encore Mih'atv MeEliahou t. III, p. 41 et 76-78

Cordialement,