Conversation 82767 - Merci?

rouroup.
Mardi 27 juin 2017 - 01:21

Chalom !

J'ai appris que dans certains cas, il est interdit de dire "merci" à cause de l'interdit de Ribit.

Quels sont ces cas ?

Merci pour votre aide et pour votre serviabilité !

Rav Samuel Elikan
Dimanche 4 juin 2017 - 20:24

Shalom,

Rabbi Shimon bar Yoh'ai (TB Baba Metzia 75b) nous enseigne qu'on n'a pas le droit de saluer particulièrement quelqu'un que l'on ne saluait pas spécialement auparavant parce qu'il nous aurait fait un prêt. En effet, l'emprunt doit être rendu tel quel, puisqu'il est interdit de prêter avec intérêt. Rabbi Shimon nous enseigne ainsi que l'intérêt n'est pas forcément monétaire ou matériel, mais également d'ordre "abstrait" ; si on prêtant l'homme gagne en respect ou "se fait des amis", cela est également considéré comme un intérêt interdit (ribbit devarim). Il existe une discussion entre le Sages médiévaux quant à savoir si la source de cet interdit est dans la Torah ou si c'est seulement une institution rabbinique (comme cela semble plus être le cas) - cf. resp. Yabia Omer IV YD §9.

Dans ce contexte, le Rav Moshé Feinstein (resp. Iggrot Moshé YD I, §80) évoque le problème d'écrire "merci" dans un livre imprimé grâce à un emprunt, puisque ainsi la personne ayant prêté reçoit un "gain" (la publicité que ça lui fait) en plus de son prêt - rendant le prêt intéressé et donc il y aurait là un problème de "ribit". La solution qu'il donne est d'écrire en introduction l'histoire des faits "ce livre a pu être publié, grâce au prêt d'untel", sans ajouter de remerciement particulier. Ainsi, selon lui ce n'est pas interdit.

Le Rav Shlomo Zalman Auerbach (resp. Minh'at Shelomo I, §27) explique longuement qu'il n'y a aucun problème à dire mercipuisqu'il s'agit plus de politesse que d'autre chose et que la personne qui est remerciée pour son prêt, oralement, n'y retire aucun intérêt.

C'est également l'avis du Rav Ben-Tzion Abba Shaoul rapporté dans le livre "Ribbit Le'Or HaHalah'a", ainsi que du Rav Elh'anan Peretz, dans son "Nesheh' Kessef" (chap. 2) qui permet en cas de besoin.

Ainsi, si de toutes les façons, vous dites merci et êtes poli (comme on pourrait l'espérer de tout juif), il n'y a aucun problème à dire merci pour un prêt et il n'y a pas en cela de "ribbit devarim".

Cordialement,