Conversation 90267 - Intimité

Madel2
Dimanche 8 septembre 2024 - 01:59

Bonjour,

 

Je souhaiterais savoir plusieurs choses :

-              Est-ce qu’une femme qui a un rapport avec un autre homme que son mari est obligée de divorcer ? Est-ce hayav karet ? Est-ce que le fait d’utiliser un préservatif y change quelque chose ? Par rapport au fait notamment que le sperme de l’autre homme n’entre pas en contact avec la femme en question

-              Est-ce qu’un rapport entre un mari et sa femme pendant la période de nida est hayav karet ? De même, utiliser un préservatif y changerait il quelque chose ? Je sais que la femme doit décaler son mikvé de 3 jours si cela arrive, à D ne plaise, car du sperme peut entraver les vérifications des 7 jours de pureté. Si le couple utilise donc un préservatif est ce que l’acte devient moins grave et donc ça enlève la punition de hayav karet ?

-              Est-ce qu’un homme insatisfait peut aller voir ailleurs ? Puisqu’à l’époque des patriarches la polygamie était autorisée

-              Est-ce que le fait qu’une femme ait un rapport avec un autre homme que son mari fait partie des interdictions donc si on nous propose ça ou la mort, mieux vaut choisir la mort ? De même pour les rapports en période de nida ?

-              Est-ce que tout acte sexuel est considéré comme rapport ? Ou est-ce que l’on considère qu’il y a eu rapport seulement s’il y a pénétration ?

 

Merci de vos réponses.

Rav Samuel Elikan
Lundi 9 septembre 2024 - 15:41

Shalom,

Bien qu'il s'agisse de questions sensibles, parce que liées à l'intimité, nous allons essayer d'y répondre le plus directement et clairement possible.

A. Femme mariée et adultère

Si une femme mariée a une relation avec un autre homme que son mari, cela constitue un acte d'adultère (ni'ouf), qui est strictement interdit par la Torah (cf. Vayikra 18,20).
Dans un tel cas, s'il y a des témoins qui apprennent cela au mari, par exemple, la Torah enseigne que cette femme ne peut plus rester avec son mari et qu'ils sont obligés de divorcer.

Cet acte est considéré comme une faute grave, et oui, cela entraîne la peine de karet ("retranchement", qui est une sorte de "mort spirituelle" considérée comme très grave) selon la Torah.

L'utilisation d’un préservatif, qui empêche le contact direct du sperme, ne change en rien la gravité de l'acte, au contraire ; ce qui est interdit dans l'adultère, c’est l’acte intime lui-même, indépendamment du contact avec le sperme.

 

B. Relations intimes pendant la période de nidda

Avoir des relations intimes pendant que la femme est nida (menstruée) est également une interdiction très grave, mentionnée dans la Torah (Vayikra 18,19), et entraîne également la peine de karet.

De manière similaire à ce qui a été dit plus haut, l’utilisation d’un préservatif dans ce contexte n'atténue en rien la gravité de l’interdit

Ce qui est interdit, c’est l’acte de relations intimes pendant cette période, peu importe qu’il y ait ou non contact avec le sperme. Le préservatif n’élimine pas l’interdiction de base ni la gravité de la punition associée...

Quant à la pratique qui consiste à décaler le mikvé si des rapports ont lieu pendant la période des 7 jours de vérification de pureté, il est vrai que cela peut affecter les vérifications, et c’est pour cela que la halah'a peut imposer de retarder le mikveh ; mais cela ne change rien à l’interdit fondamental de relations pendant la période de nidda.

 

C. Insatisfaction conjugale et polygamie

À l’époque biblique, il est vrai que la polygamie était tolérée dans certaines circonstances (comme chez les Patriarches), mais elle est désormais interdite par un h'erem (décret) du Rabbenou Guershom depuis environ mille ans, dans l'écrasante majorité des communautés juives. Il n'existe plus de Juifs aujourd'hui, à ma connaissance, qui se marient avec plus d'une femme. De plus, même à l’époque où la polygamie était permise, l’idée était toujours de préserver le respect, l'amour et la loyauté dans le mariage.

Aller "voir ailleurs" n’a jamais été une solution halah'ique légitime pour résoudre l’insatisfaction conjugale. La Torah valorise la fidélité et l’engagement entre époux. En cas d'insatisfaction, il faut plutôt aller en thérapie de couple.

 

D. Choix entre la mort et les interdits sexuels

Il y a trois interdits pour lesquels il est enseigné dans la halakha que, si une personne est contrainte de les commettre sous la menace de mort, elle doit choisir la mort plutôt que de les transgresser ; ce sont l'idolâtrie (Avoda Zara), le meurtre (shefih'out damim) et les interdits sexuels graves (gilouy arayot), tels que l'adultère ou l'inceste (cf. TB Sanhedrin 74a). Ainsi, avoir des relations avec une autre personne que son mari fait partie de ces interdits graves, et la halah'a enseigne que, dans un cas théorique, si une personne était contrainte d'avoir une relation adultérine et qu'elle est menacée, elle devrait préférer la mort.

Quant aux relations durant la période de nidda, bien que cela soit un interdit grave dont la punition est karet, il y a une discussion quant à savoir si cela fait également partie de ces interdits de "gilouy arayot" pour lesquels on devrait être prêt à donner notre âme ou non, dans la mesure où l'on n'avait pas le choix et que l'on était menacé.

Quoi qu'il en soit, nous le répétons pour être bien clairs: il est formellement interdit d'avoir des relations adultère ou une relation avec son épouse pendant la période où elle est nidda (avec ou sans préservatif).

 

E. Définition d’un rapport sexuel

En termes halah'iques, selon la Torah, un acte sexuel prohibé (bi'a) est défini par la pénétration, même si elle est partielle. Cela signifie qu’un rapport est considéré comme tel, même s'il n'y a pas d’éjaculation ou de contact avec le sperme.

Cependant, d'autres formes d'intimité peuvent aussi être interdites selon le contexte, mais c'est la pénétration qui définit techniquement l’acte d'un rapport dans le cadre de ces interdictions graves.

En espérant, que ces réponses éclaireront et apporteront la clarté nécessaire pour préserver la sainteté du couple.

Cordialement,