Conversation 929 - Origine de l'interdit et barrières supplémentaires

Anonyme
Lundi 29 juillet 2002 - 23:00

Félicitation pour votre site et pour la pertinence de vos réponses.

Si j'osai, et pour paraphraser le titre d'un film de Woody Allen, je l'intitulerai : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Thora sans jamais oser le demander à votre Rabbin...

Pour ma part, j'essaie de vous poser des questions (qui me semble, mais surement pas pour vous) difficiles, non pour vous tester, mais uniquement pour engager le dialogue sur les fondements de la Thora et sur les différentes analyses que l'on peut en faire, ceci bien sur dans le but de nous rapprocher encore plus de l'Eternel.

Ma question est la suivante : Une seule phrase dans la Thora indique uniquement que l'on ne fera pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère. De cette phrase découle d'inombrables commentaires sur les lois de la cacherout. Pourtant, si l'on prend le texte brut, il ne concerne :
1) que le chevreau. pourquoi l'avoir étendu à d'autres animaux ?
2) que le lait de sa mère. S'il est cuit dans le lait d'une autre mère ou d'un autre animal ?
3) La Thora ne précise que de "cuire". Ceci laisserait alors la possibilité de pouvoir mélanger à froid ?

Une fois ces questions résolues, et si l'on accepte le fait de séparer le lait de la viande, d'autres questions se profilent :
1) Combien de temps doit-on attendre entre la consommation du lait et de la viande ?. Certains disent que peut manger la viande immédiatement après le lait, d'autres l'acceptent si on mange du pain entre les deux, d'autres disent 3 heures, d'autres disent 6 heures !!!
2) Beaucoup de nos lois sont issue de commentaires et d'interprétations visant à protéger les faibles humains que nos sommes à tomber dans l'erreur ou la tentation. Néanmoins, à vouloir mettre trop de barrières protectrices ne détourne t-on pas beaucoup d'israelites finalement de la loi initiale. En outre, le fait de considérer l'être humain comme trop faible, ne le prive t-on pas du choix et de son libre arbitre.
3) en évitant le travers des 70 facettes de la Thora (qui est à mon sens un moyen d'éluder les questions), si toutes ces réponses sont possibles ou est la vérité (Thora Emeth) ?

Je précise que je respecte les lois de la Cacherout et que mes questions ne dissimulent un rien une quelconque volonté de trangression ou de remise en cause de nos Sages, mais juste le moyen de faire un peu de Pilpoul et de comprendre le raisonnement de nos Stadiks.

Merci par avance pour vos réponses.

Que l'Eternel vous bénisse et vous protège
Que nous puissions tous nous rassembler en Erezt israel
Que nous puissions voir la Géoula maintenant et de nos jours

Haim

Dimanche 24 novembre 2002 - 23:00

Shalom,

Vos questions sont en effet petinentes et je vais essayer d'y répondre point par point, ne serait-ce que de façon succincte. Pour faciliter les choses, mes réponses seront intercalées dans votre propre texte.

Question
Ma question est la suivante : Une seule phrase dans la Thora indique uniquement que l'on ne fera pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère.
Réponse.
Ce n'est pas exact. Le verset figure trois fois dans la Thora. Exode 23, 19 - Exode 34, 26 - Deutéronome 14, 21.

Question
De cette phrase découle d'inombrables commentaires sur les lois de la cacherout.
Réponse
Non ; du fait que le verset est répété trois fois découlent trois conséquences liées à cette question : l'interdiction de consommer, l'interdiction de profiter du mélange, l'interdiction de cuire (Qiddushin 57/B).

Pourtant, si l'on prend le texte brut, il ne concerne :
1) que le chevreau. pourquoi l'avoir étendu à d'autres animaux ?
Réponse : On ne peut pas baser des raisonnements sur des traductions. "Guédi" ne signifie pas "chevreau" mais "petit".

2) que le lait de sa mère. S'il est cuit dans le lait d'une autre mère ou d'un autre animal ?
Réponse : comme précédemment ; il y a dans l'expression en hébreu une connotation difficilement traduisible qui désigne la présence de l'élément "mère" dans le lait et pas seulement le fait du "lait de la mère", comme s'il était écrit simultanément "sa mère est dans le lait".

3) La Thora ne précise que de "cuire". Ceci laisserait alors la possibilité de pouvoir mélanger à froid ?

Une fois ces questions résolues, et si l'on accepte le fait de séparer le lait de la viande, d'autres questions se profilent :
1) Combien de temps doit-on attendre entre la consommation du lait et de la viande ?. Certains disent que peut manger la viande immédiatement après le lait, d'autres l'acceptent si on mange du pain entre les deux,
Réponse : ou des pâtes ou un gateau. Si vous vous lavez les dents avec du dentifrice ou si vous vous rincez la bouche avec un bain de bouche, ça va aussi.

d'autres disent 3 heures, d'autres disent 6 heures !!!
Réponse : je ne connais aucun de ces "autres". Les durées que vous indiquez concernent le lait après la viande et tous les décisionnaires sont unanimes pour six heures (saus pour les Séfaradim d'Amsterdam pour lesquels c'est une heure). Trois heure est une coutume récente et sans fondement véritable sur le plan halachique de la communauté française

2) Beaucoup de nos lois sont issue de commentaires et d'interprétations visant à protéger les faibles humains que nos sommes à tomber dans l'erreur ou la tentation.
Réponse : cette explication est en soi une interprétation légèrement arbitraire. En tout cas, dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas de cela du tout.

Néanmoins, à vouloir mettre trop de barrières protectrices ne détourne t-on pas beaucoup d'israelites finalement de la loi initiale.
Réponse : Non. La loi initiale est celle que le Talmud indique et sur ce point tous les décisionnaires sont unanimement d'accord. Il faut supposer qu'ils doivent avoir leurs raisons et savoir de quoi ils parlent. Il suffit d'ailleurs d'étudier pour le comprendre et connaître ces raisons (qui ne sont pas celles que vous dites).

En outre, le fait de considérer l'être humain comme trop faible, ne le prive t-on pas du choix et de son libre arbitre.
Réponse : Non. D'ailleurs qui considère l'être humain comme trop faible ? certainement pas la Thorah - ni écrite, ni orale ! Pour le dire dans les termes de Maïmonide (1er chapitre des Huit Chapitres) les commandements que Dieu donne à l'homme s'adressent à sa volonté. Il s'agit donc de lois données à un sujet responsable et capable d'assumer ses responsabilités.

3) en évitant le travers des 70 facettes de la Thora
Réponse : Je ne vois pas le rapport entre le problème soulevé et celui des soixante-dix visages de la Thora.

(qui est à mon sens un moyen d'éluder les questions),
Réponse : Vous avez droit à votre opinion mais n'êtes-vous pas un peu enclin au "péché d'orgueil" ? cela ne dépend-il pas un peu de qui utilise l'argument et dans quel contexte ? En ce qui me concerne, je ne l'ai jamais entendu ni rencontré utilisé pour justifier des différences dans la Halakha...

si toutes ces réponses sont possibles ou est la vérité (Thora Emeth) ?
Réponse : A quoi faites-vous allusion lorsque vous dites "toutes ces réponses ?" La Thora de vérité se diversifie précisément dans sa rencontre avec le monde de notre réalité multiple. La vérité de la Thora se trouve précisément dans sa capacité de prendre en compte tous les aspects de notre monde changeant et de les récapituler au niveau d'une sagesse, dont nos maîtres sont dépositaires.

Je précise que je respecte les lois de la Cacherout et que mes questions ne dissimulent un rien une quelconque volonté de trangression ou de remise en cause de nos Sages, mais juste le moyen de faire un peu de Pilpoul et de comprendre le raisonnement de nos Stadiks.

Shalom ou Vrakha

Elyakim P. Simsovic