Conversation 1525 - La femme "acquise" par son mari?

Anonyme
Dimanche 1 septembre 2002 - 23:00

comment peut on accepter le principe d'une ACQUISITION de la femme par son mari? tout comme la notion de REPUDIATION, de la femme par son mari?
Je suis passée par là et je trouve cela terriblement humiliant pour la femme, qui vaut ni plus, mais ni moins qu'un homme.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 2 septembre 2002 - 23:00

Comment peut on accepter le principe d'une ACQUISITION de la femme par son mari?

On ne peut pas. Et si on peut, on ne DOIT pas !
Il n'a jamais été question de cela dans la tradition juive. Malheureusement, le passage des concepts traditionnels en français provoque des glissements de sens et l'assimilation socio-culturelle est non moins néfaste que l'assimilation "religieuse". A partir de là, tous les risques de dérapage existent et là où il y a risque, hélas, la réalite nous rattrape très vite.

Pour dire de manière succincte ce que la tradition dit à ce sujet, c'est que l'idée de "Qinyane" qui est le mot que vous rendez par "acquisition" est appliquée aux procédures du mariage pour en mettre en évidence le caractère de permanence. La question qui se pose est de savoir si on va habiliter un mariage dont la motivation apparaît comme étant le désir qu'un homme éprouve pour une femme. Le désir (kissouf) va être représenté dans la procédure par l'élément du kessef (l'argent). Mais étant donné que dans les "choses de la vie" quand "un homme prend une femme" pour de l''argent cela concerne un type de relation passager qui n'est pas exactement, n'est-ce pas, celui du mariage, la michna estime ne pas pouvoir conserver l'expression de la Thora "quand un homme prendra femme" pour désigner cette relation, ceci pour exclure toute ambiguité. Elle change donc le mot "prendre" par un mot dont la signification implique à la fois permanence et responsabilité (on dira par exemple de Dieu qu'il est "Qoné chamayim vaaretz".
D'autre part, il faut que la femme donne son consentement à être ainsi "objet de désir" donc
le Talmud va préciser qu'il faut que, dans la formule de la Michna, la femme soit sujet de la procédure parce que c'est d'elle que dépend le fait de mariage.

tout comme la notion de REPUDIATION, de la femme par son mari?

D'autre part, étant donné que dans les procédures du mariage c'est l'homme qui demande la femme en mariage et si elle accepte, elle accepte, le lien juridique qui s'établit ne peut être délié que par celui qui l'a noué. Mais dans ce cas, il doit payer à la femme le montant de la Kétouba qui n'est pas un document religieux mais un contrat de mariage en bonne et due forme.
Il est dommage que les fonctionnaires responsables des administrations appropriées n'expliquent pas mieux les choses au départ, ce qui pourrait éviter bien des malentendus par la suite.

D'autre part, selon le Talmud, il existe toutes sortes de situations où le Tribunal peut être requis de contraindre l'homme à donner le Guétt sur demande de la fermme et à payer la Kétouba., y compris par la prison et par contrainte par corps.

Je suis passée par là et je trouve cela terriblement humiliant pour la femme,

Compte tenu du fait qu'il s'agit de situations où l'investissement affectif est massif, les personnes qui sont appelées à intervenir devraient recevoir la formation adéquate, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. D'où des comportements parfois regrettables mais qui ne doivent pas être mis sur le compte de la tradition juive qui n'est pas responsable de ses représentants.

qui vaut ni plus, mais ni moins qu'un homme.

Ce type d'arithmétique m'est tout à fait étranger.

Shana Tova

Elyakim P. Simsovic
epsimso@trendline.co.il