Conversation 42697 - Avoir raison à tout prix! Pauvre Brouria!

Antirien
Samedi 28 juin 2008 - 23:00

42688

Mais cela ne s'appelle pas mettre un obstacle à un aveugle que d'envoyer son plus bel élève pour séduire sa propre femme ?!
Incompréhensible !!

Raoul Spiber
Mercredi 10 mai 2017 - 03:49

Pour le lecteur encore non informé voici l'histoire!
Brouria, la femme de Rabbi Méir, la fille de Rabbi H'ananya ben Teradion( un des10 grandd Maitres, assassinés par Rome), femme moderne, instruite, en avance sur son époque, versée dans l'étude de la Torah, dont le savoir était comparable aux plus grands maîtres de la Torah de son époque... se moquait, déjà, du machisme des H'ah'amim qui disaient que les femmes avaient quelque chose de "frivole" (DAATAN KALA).
Mais et c'est là que cela se corse, Rachi rapporte que Rabbi Méir aurait essayer de démontrer à Brouria sa fragilité et la fragilité des femmes en général, le fameux « DAATAN KALA » en envoyant un élève à lui, qui aurait pour mission de la séduire et qui devrait évidemment s’arrêter après que Brouria est donné son accord mais avant de commettre la faute !
Et Brouria aurait succombé à la tentation. Mais dit Rachi, il n’y eut pas de passage à l’acte, l’élève avoua qu’il avait été envoyé par Rabbi Méir pour la tenter mais que là s’arrêtait sa mission. Brouria bouleversée par sa propre faiblesse se suicida !
D’où votre légitime étonnement ! On ne peut qu’être surpris, être choqué par un procédé aussi dangereux. Que doit on en penser ? Que doit on apprendre de là ? N’est ce pas cela à proprement parler placer : une pierre sur le chemin d’un aveugle ! Quelle pierre, quelle chute !
Mais d'abord comment se fait il que tout le monde connaît cette histoire scandaleuse?
Elle n'est rapportée ni dans le Talmud Babli ni dans le Yeroushalmi, ni dans les différents recueils de Midrashim!
Peut être que c’est précisément pour cela que l’histoire n’apparaît pas dans les différents recueils de Midrachim, dans les Talmud de Babel et de Jérusalem.
Quelle leçon doit on retenir d’une histoire aussi tragique, quelle fin et quel moyen ?
Pour ma part, maigre consolation, je retire modestement de cette histoire cette leçon: Quand on veut avoir raison, quand on est pris par ce désir de vaincre , d'anéantir l'argumentation de l'autre, on est prêt au pire, on a beau être un Tanah, un mari aimant véritablement admiratif de sa femme, de sa sagesse , de sa piété, comme l'était Rabbi Méir Baal Hanes, on est capable du pire ,on est capable de tout massacrer, de tout piétiner, dans cet enfer décidemment pavé de bonnes intentions!

richi
Dimanche 29 juin 2008 - 23:00

voila la source dans rachi:
רש"י לתלמוד מביא אגדה המתבססת בעקיפין על התלמוד (עבודה זרה י"ח), לפיו לעגה לדברי חכמים, שאמרו שדעתן של הנשים קלה, ובעלה רבי מאיר שרצה למונעה מלגלוג זה, שלח אחד מתלמידיו כדי לפתותה. לאחר שנתפתתה (ולפי רוב ככל הדעות לא מדובר באיסור של אשת איש אלא עברה פחותה יותר), התחוור לכאורה שהתבדו דבריה, והיא התאבדה מרוב בושה, ואילו רבי מאיר שכנראה לא העריך שהדברים יגיעו לידי כך, גלה מארץ ישראל לבבל מחמת הבושה.

Raoul Spiber
Vendredi 4 juillet 2008 - 08:05

Merci beaucoup, mais comme nous l'avons déjà expliqué ce Rachi est connu!
Ce qui est difficile c'est:
1) qu'on ne trouve aucune trace dans les sources antérieures à Rachi :
Depuis l'époque des Tanaïm, en passant par les Amoraïm et les Gaonim, personne n'évoque cette triste histoire. Il n'est pas question de douter de ce que Rachi dit mais plutôt de se demander pourquoi nos textes de base n'en parlent pas!
2) Comprendre comment Rabbi Méir a pu provoquer une telle tragédie, qu'est ce que cela dit nous enseigner.
Ma réponse c'est que c'est l’exemple de ce qu'il ne faut pas faire et comme cet exemple peut malgré tout être contagieux, nos Sages n'ont pas juger utile de rapporter ce fait. Le Talmud n'est pas un recueil d'histoires.
Rachi quant à lui, curieusement, a choisi de rappeler ce fait, pour expliquer combien Rabbi Méir a eu honte, tellement honte que dit Rachi il a du s'enfuir, s'exiler.
Paradoxalement, alors que tout ce passage du Talmud (Avoda Zara 18) est à l'honneur de Rabbbi Méir, qui risque sa vie pour sauver la soeur de Brouria, que les Nissim viennent au secours de son héroïsme, dans le texte justement où Rabbi Méir devient Rabbi Méir Baal Haness Rachi choisit de nous révéler ce scandale.
Même les très grands hommes et dans certains cas surtout les très grands hommes sont susceptibles de jusqu'auboutisme, pour faire triompher leurs convictions, leur chita, leur école ou leur vision du monde jusqu'à…la catastrophe

gab00_7
Jeudi 3 juillet 2008 - 23:00

suite à la 42703
je ne comprends pas bien comment R. Meir peut essayer de faire fauter sa femme pour lui rpouver que les femmes sont frivoles ("datan kalaa")!
Si l'adultère est une preuve de frivolité alors les hommes sont surement autant, si ce n'est plus, frivoles que les femmes!

Raoul Spiber
Dimanche 6 juillet 2008 - 05:11

Très juste! Le" daatan kala"doit être redéfini, dans ce cas comme dans celui de Rabbi Chimon Bar Yoh'aï qui lorsqu'il est poursuivi par la police romaine, cache à sa femme le lieu de sa cachette, de peur qu'elle ne résiste pas aux pressions des romains; les Tanaïm évoquent le fameux "DAATAN KALA".
Il semble que le fameux "DAATAN KALA" désigne une fragilité dans la façon de s'opposer au point de vue de l'autre. l ne s'agirait pas du tout d'une différence , encore moins d'une infériorité au plan intellectuel ou moral. Il s'agirait d'un attachement féminin, à la paix, à l'accord, au consensus qui affaiblirait sa capacité à s'opposer,à résister à la demande insistance ou à la pression de quelqu’un !
L'homme fauterait essentiellemnt en voulant affirmer, poser sa volonté; la femme quant à elle risquerait de fauter "malgré elle" , en renonçant à se qu'elle croit , parce qu'il lui est parfois plus difficile de dire non!