Au sujet de la masturbation féminine

Anonyme (non vérifié)
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jeu 17/10/2002 - 23:00

Bonjour;
Je voudrais avant de vous poser une question tres importante faire une petite remarque à propos du message 1283 qui s'adresserait à serge en lui expliquant que par exemple pour moi le fait que les questions de sexualité ont été présentées ici m'a beaucoup aidé et c'est pourquoi j'en ai un petit peu marre que même dans les endroits où il est enfin permis de parler de ce genre de sujet , on se demande encore si ce n'est pas suffisamment tabou.
Moi je viens d'une famille tres orthodoxe et je suis considérée par la société comme quelqu'un de tres orthodoxe qui n'a d'amis que parmi les orthodoxes. Du coup lorsqu'à l'age de 14 ans j'ai découvert la masturbation féminine à propos de laquelle malgré vos réponses je n'ai toujours pas compris si elle est interdite ou pas, j'ai été tres perturbée par le fait que je n'ai pu en parler avec personne et me confier uniquement a moi même en constatant combien avec le temps c'est un phénomène qui me nuit et risque peut etre de m'empêche de me marier .
Dans mon entourage on se marie tot et moi meme à 22 ans je commence à devenir une vieille fille ;je subis une tres grosse pression sociale… Mais je me sens perdue a cause de cette grosse faute dont je n'arrive même pas à évaluer la gravite et qui me pourrit la vie . Je ne sais même pas si qd je pries ou je demande pardon a hachem ca ne fait pas hypocrite. Comment peut on se faire pardonner et essayer de faire en sorte que ca ne se reproduise plus? Par ailleurs vous donnez tellement de conseils aux garcons pour qu'ils se fassent pardonner et à propos de leur punition alors qu'on ne parle jamais des filles . Pourrais-je connaitre les punitions et les conseils relatifs à mon problème? Merci.

Rav S.D. Botshko
lun 02/12/2002 - 23:00

Chalom,

J'ai été très sensible à votre lettre et il ne fait pas de doute qu'il est difficile de porter un secret, que l'on croit être une faute grave, et de ne pas pouvoir en parler à ses parents ou à des amis.

De manière générale, le sentiment de culpabilité augmente à cause du secret lui même. Souvent, des actes somme toute mineurs, prennent alors une importance complètement disproportionnée. En focalisant ainsi sur cette attitude, on en fait le centre de ses préoccupations et cela peut rendre la personne prisonnière d'une pratique qu'elle n'aimerait pas faire, mais dont elle ne peut plus se défaire.

Sur le plan de la Halakha, on ne parle pas dans le Choulkhan Aroukh de la masturbation féminine. Elle ne peut en aucune manière être comparée avec la masturbation masculine qui est accompagnée d'une perte de sperme, normalement destiné à unir le couple et non à être ainsi gaché. On mentionne par contre une pratique qui est celle de femmes qui se masturbent mutuellement. (Even Haeezer, fin du chapitre 20). La source de cette interdiction est dans le verset qui interdit d'adopter les pratiques égyptiennes. On peut sans doute extrapoler que la masturbation féminine est une pratique qu'il faut s'efforcer de cesser.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que le judaïsme ne rejette en aucune manière le plaisir de manière générale, et le plaisir sexuel en particulier. C'est D-ieu qui a créé un monde agréable pour que l'homme en bénificie. Nous faisons des bénédictions particulières sur les bienfaits de D-ieu et plus le bienfait est agréable et plus la bénédiction est grande.

Il faut ajouter cependant, et c'est essentiel, que le plaisir doit faire partie d'un tout et que l'homme ne peut pas séparer sa partie animale de sa partie spirituelle. Par exemple, le Chabbat est un jour où le plaisir est une Mitsva. Mais on veillera à accompagner les délicieux repas de Chabbat de chants et louanges au Créateur, liant ainsi la joie matérielle à une élévation spirituelle.

Il en est de même de la relation intime. A ceci près que l’élévation de la relation à un degré spirituel ne passe pas par des chants et des louanges, mais par le partage avec autrui. Un couple qui s'aime a comme mitsva de rendre heureux l'un l'autre. Cet acte qui était au départ 'une action purement instinctive et égoïste devient ainsi un acte généreux, l'accomplissement d'une Mitsva. Cette générosité est la source de la qedoucha de la sexualité. La construction d'une famille, corollaire de l'amour, est aussi un des éléments importants qui relie la sexualité et le plaisir de l'instant en un acte qui a le sceau de l'Eternité.

Mon conseil, (et c'est le même que je donne aux jeunes gens qui ont ce problème), c'est de ne pas se focaliser sur lui. Tâchez de donner un sens à votre existence, et qu'Hachem vous aide à trouver l'homme de votre vie avec qui vous pourrez partager vos secrets et vous libérer de l'isolement qui vous accable, isolement qui est à mon sens la cause première de votre désarroi. Cela vous permettra de cesser cette pratique qui en fin de compte ne vous apporte pas le bonheur.

C'est tout un programme, mais je suis sur qu'Hachem va vous soutenir.