Je crois que l'excommunication existe aussi dans notre religion, si je ne m'abuse Spinoza a été excommunié par la communauté juive hollandaise et Rav S.D Botchko parle aussi d'excommunication en cas de lecture de lettres privées...
J'aimerai donc en savoir plus sur cette "sanction" habituellement appliquée par les eglises chrétiennes, est-elle toujours praticable de nos jours , dans quelles circonstances (quels sont les actes qui peuvent entraîner une excommunication), qui peut prendre cette décison et quel est le statut d'un juif excommunié (en cas de mariage , de sa descendance). Utilise -t-on aussi le terme d'hérétique?
Merci pour votre réponse et félicitation pour ce site qui est une véritable mine d'information pour ceux qui ne peuvent consulter ou n'ose pas poser de questions a leur rav....
La grande différence avec l'excommunication chrétienne est que celle ci concerne les idées de quelqu'un alors que dans la tradition juive cela concerne le comportement au sein de la société.
Par exemple, un beth din peut prononcer une sentence contre quelqu'un qui aurait abandonné sa femme et quitté le foyer tout en refusant de lui donner le guett alors qu'elle y a droit. S'il refuse de se plier à la décision du tribunal, celui-ci peut décréter l'exclusion La conséquence de celle-ci équivaut à la mise au ban de n'importe quelle communauté ce qui devrait rendre sa vie presque impossible jusqu'à ce qu'il revienne à de meilleurs sentiments. On ne le compte pas pour le minyane ou le zimoune, il ne monte pas à la Thora. On ne s'assied pas à côté de lui, etc.
L'excommunication (herem) est plus grave. Elle interdit de surcroît tout commerce, toute transaction, l'employer ou être employé par lui, étudier avec lui ou lui enseigner, et on limite toute relation de sorte à ne lui laisser que la possibilité minimale de subvenir à ses besoins vitaux (kedé parnassato).
L'exclusion (nidouy) est a priori prononcée pour trente jours. S'il ne fait pas repentance, on prolonge de trente jours. S'il ne réagit toujours pas on prononce le 'herem.
L'exclusion et l'excommunication sont personnelles.
Maïmonide énumère 24 cas qui entraînent la prononciation du nidouy à l'encontre de quelqu'un (Michné Thora, Hilkhot Talmud Thora, 6, 14)
Le 24ème cas est exemplaire : celui qui prononce une "excommunication" à l'encontre de qui ne le mérite pas.
Spinoza fut excommunié à cause de son attitude méprisante à l'égard des sages de la communauté et non en raison de ses idées (il n'avait alors encore rien publié). Voir à ce sujet l'article de M. Jacob Gordin dans Ecrits, le renouveau de la pensée juive en France, Albin Michel, 1995, "Benedictus ou Maledictus : Le cas Spinoza", pp. 145 et suiv.
L'accusation d'hérésie ne concernerait que quelqu'un qui propagerait de fausses idées en prétendant qu'il s'agit de l'enseignement de la Thora, à l'encontre de toute la tradition et de tous les maîtres de son temps.
Voir aussi Maïmonide, Hilkhoth Sanhédrin 24:7, 26:6...