
Bonjour,
Est-ce que le chirurgie esthétique est autorisée par la halakha ? Je ne parle pas de chirurgie réparatrice dont je sais qu'elle est autorisée mais de chirurgie purement esthétique, avec pour but de modifier une partie du corps que l'on juge trop "moche" en vue apres de se sentir mieux dans sa tete et dans son corps.
merci d'avance de votre réponse
bien cordialement
yoan adjadj
Le grand rabbin Immanuel Jakobovits est le premier parmi les autorités religieuses à s’être penché sur l’éthique médicale selon le judaïsme. Sa conclusion est que la chirurgie esthétique, spécialement chez les hommes, est une forme d’arrogance et de vanité. Elle doit être interdite à moins que la situation du patient ne réponde à certains critères.
Tel est le cas, à condition que le danger soit minime, s’il existe une indication médicale (suites d’un accident, ou raisons psychologiques impérieuses), si le résultat attendu doit faciliter ou préserver un mariage heureux, ou s’il doit permettre au patient de jouer un rôle constructif dans la société ou de gagner décemment sa vie.
En 1964, la question de la légitimité de la chirurgie esthétique a été soumise à rav Mordekhaï Ya‘aqov Breish, à rav Menaché Klein et à rav Moché Feinstein.
Dans ses Responsae ‘Helqath Ya‘aqov, rav Breish envisage le cas d’une femme affligée d’une malformation du visage qui voulait entreprendre une chirurgie plastique afin de s’embellir et pouvoir ainsi se marier. Sa conclusion est que l’interdiction de mettre sa propre vie en danger doit s’effacer non seulement pour corriger des anormalités ou des difformités physiques, mais aussi pour alléger des angoisses mentales.
De même on ne saurait invoquer, dans le cas d’un homme, l’interdiction de porter des vêtements féminins (Devarim 22, 5), à laquelle on associe généralement celle de se maquiller et de transformer son visage par des liftings et autres formes de nasoplastie ou de liposuccion.
Rav Klein (Michné halakhoth) se penche sur le cas d’une femme atteinte elle aussi d’une difformité faciale. Sa décision est qu’il est permis aux hommes comme aux femmes de se soumettre, dans une telle situation, à une intervention chirurgicale, attendu que la chirurgie esthétique est considérée alors comme une pratique normale de la médecine telle qu’elle est autorisée par la Tora.
Il énumère certains des cent quarante défauts physiques qui faisaient obstacle au service des kohanim dans le Temple, tels qu’ils sont énumérés dans le Talmud et dans le Michné Tora de Rambam/Maïmonide. Les kohanim étaient probablement tenus de corriger ces défauts. Quant aux non-kohanim, bien qu’ils ne fussent pas dans l’obligation de les réparer, ils avaient certainement le droit de le faire.
Rav Moché Feinstein (Igueroth Moché, ‘Hochèn michpat 2, 66) a été consulté lui aussi sur le cas d’une jeune fille qui souhaitait se faire opérer afin de se trouver un fiancé. Il l’a autorisée à le faire, considérant qu’une telle intervention, dans un tel cas, ne pouvait être considérée comme un acte honteux ou une agression.
En conclusion, la question de la chirurgie esthétique selon la loi juive met en jeu quatre problèmes d’ordre halakhique : l’interdiction de l’automutilation, l’interdiction de mettre sa vie en danger, l’interdiction pour un homme de porter des vêtements féminins, et la question d’une éventuelle interférence destinée à « améliorer » l’œuvre divine de la Création.
C’est pourquoi cette chirurgie, si l’on n’y fait appel que pour des raisons de pure coquetterie, sans aucune justification médicale, psychologique ou économique, est interdite.