L’authenticité de la Tora

Kare
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dim 22/08/2010 - 23:00

Bonjour,

J'ai eu le loisir de consulter divers sites, ainsi que les réponses que vous avez données sur ce même site, à propos de l'écriture de la Torah. Tous donnent la même réponde : la Torah a été mise par écrit par Moïse sous la dictée de Dieu.

Jusqu'à découvrir cela - je n'ai pas de grande connaissance en judaïsme -, je pensais que seul l'islam présentait son livre saint comme pure Parole de Dieu, dictée par ce dernier au meilleur d'entre les prophètes. A moins que je ne saisisse pas certaines nuances, bien entendu...

L'étude scientifique des religions, quant à elle, estime la rédaction des livres qui composent la Torah par plusieurs mains, à une époque postérieure à celle de Moïse. De là ma question : est-ce qu'une personne de religion juive a l'obligation de croire que Dieu a dicté le contenu de la Torah à Moïse qui l'a mise par écrit ou peut-elle croire ce que dit la science sans que cela compromette sa foi dans le Dieu unique ?

Une autre question du même ordre : cette personne doit-elle croire mot pour mot ce qui est indiqué dans la Torah, même si cela est contraire à la science, ou peut-elle considérer, par exemple, qu'Adam et Ève sont des figures symboliques qui enseignent aux hommes certaines choses de grande importance tout en croyant "dur comme fer" à l'évolution des espèces telle qu'elle est décrite par les sciences exactes ?

Pardonnez-moi de vous assaillir de la sorte avec mes questions, mais je ne trouve aucune réponse sur les sites que j'ai consulté, et encore moins dans les quelques livres de bonne vulgarisation à propos du judaïsme que j'ai pu consulter jusqu'à présent.

Je vous remercie d'avance pour les réponses que vous me donnerez et je tiens à applaudir le travail que vous fournissez par le biais de ce site, aussi bien pour les membres de votre peuple que pour le quidam avide de connaissances.

Kare.

Jacques Kohn z''l
mar 24/08/2010 - 01:19

Le judaïsme croit fermement que la Tora est une œuvre divine qui a été transmise telle quelle à Moïse, et il professe qu’elle ne sera pas changée contre une autre loi ou doctrine (Voir les « Treize articles de foi » de Maïmonide).

Il éprouve la plus grande méfiance envers ce que l’on a appelé la « critique biblique », c’est-à-dire la tentation de voir dans la Bible un ensemble de textes issus de strates rédactionnelles d’époques différentes.

Quant aux découvertes scientifiques qui semblent contredire les données bibliques, il convient de les examiner avec beaucoup de circonspection.

Je citerai comme exemple la règle posée par la Tora en ce qui concerne la définition des poissons qu’il est permis de consommer : Ils doivent porter à la fois, spécifie-t-elle, des écailles et des nageoires (Lévitique 11, 9 et 10 ; Deutéronome 14, 9 et 10).

Et pourtant, objectent les Sages du Talmud, il n’existe pas de poisson qui ait des écailles sans avoir de nageoires. Pourquoi, se demandent-ils, la Tora spécifie-t-elle cette exigence de nageoires, apparemment inutile ?

Et de répondre à cette question par des considérations d’ordre pédagogique sans rapport avec notre sujet.

On a prétendu, il y a quelques années, pouvoir contredire le Talmud au motif que l’on aurait trouvé dans un musée de Washington un poisson appelé monopterus cuchia dont l’une des particularités aurait été de porter des écailles, et non des nageoires.

En réalité, a-t-on opposé à cette assertion, ce poisson possède bien une nageoire dorsale rudimentaire. Or, la Tora exige un minimum d’une nageoire, et non plusieurs.

Notons en outre que l’adjectif monopterus du nom de ce poisson atteste de cette particularité : Le mot grec πτερον (pteron) signifie « aile », πτερύγιο (pteruyio) « nageoire », et μονος (monos) « seul ».

On peut donc dire que cette tentative de jeter le discrédit sur la Tora a été vouée à l’échec.