Conversation 30445 - Jeune converti jeûne

Bondy007
Dimanche 16 avril 2006 - 23:00

Réponse à la 29847 et à la réponse du rav Kahn

Moadim lesim'ha !! Bonne sortie d'Egypte à tout le monde !

Etant moi-même prosélyte premier-né, j'ai consulté deux rabbins (un Massorti, un consistorial) et les deux m'ont dit que je n'étais pas astreint à faire le jeûne des premiers-nés...ce qui évidemment ne m'empêche pas de faire la mitsva du siyoum bekhorim.

La raison en est qu'un prosélyte est considéré comme fils d'Abraham Avinou et Sarah Imanou - et donc bien sûr pas premier-né !

Par contre, lorsque j'aurai un fils b'H', je devrai jeûner si je n'assiste pas au siyoum bekhorim (sauf si sa mère n'est pas juive, car auquel cas il sera lui aussi considéré comme prosélyte).

Cela dit Rav Kahn, je suis tout à fait d'accord avec vous sur le principe qu'un prosélyte (et, par extension, quelqu'un qui souhaite le devenir, mais il y en a certaines que lui ne peut pas faire : ex. porter le tallith, monter à la Torah,...) doit respecter les mitsvot autant qu'un autre Juif.

J'ai moi-même deux petites questions concernant ce jêune :

- si dans une famille, le premier enfant est une fille, et le deuxième enfant un garçon, ce garçon est-il considéré comme premier-né mâle (car c'est bien le premier enfant mâle de la famille) ? Ou bien le jeûne des premiers-nés ne s'applique-t-il qu'au premier enfant d'une fratrie si c'est un garçon ? Merci pour votre réponse, est-elle importante pour quand b'H' j'aurai un fils !

- d'où vient la coutume du siyoum bekhorim ? Est-ce parce qu'on s'est rendu compte que cela était plus appréciable, pour passer un bon Seder, de ne pas avoir jeûné depuis l'aube ?

Pessa'h cacher vesamea'h !!

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 20 avril 2006 - 20:45

Commençons pas le commencement, c'est-à-dire par votre dernière question.
D'où vient la coutume du jeûne des premiers nés?
Dans Massekhet Sofrim (21, 3) il est écrit: "on ne jeûne pas en Nissan, sauf les premiers nés, et les délicats, pour qu'ils puissent manger la matsa avec appétit". Un autre texte dans le Talmud de Jérusalem fait allusion aux jeûnes des premiers nés, mais il y a deux lectures possibles dans le texte, et cela mène à des conclusions opposées.
Toujours est-il qu'il s'agit d'une coutume dont la place dans la hiérarchie halakhique est assez basse. A côté des rabbins médiévaux qui écrivent que c'est une coutume bien établie (Nimoukey Yossef et Troumat Hadechen, par exemple), d'autres écrivent que ce n'est pas vraiment obligatoire (le Meïri), alors que d'autres n'en parlent même pas (le Rambam).
C'est pourquoi, vu que jeûner ce jour risque fort de nuire aux préparations du seder et à son déroulement (on ne se sent pas toujours très frais après une journée de jeûne), on a pris l'habitude de participer à une seoudat mitsva, un repas de mitsva, tel qu'un repas offert après une circoncision, ou le plus répandu, après qu'une personne ait complété l'étude d'un traité talmudique, le syoum que vous mentionnez dans votre question. Voilà pour la dernière question.
(Yabia Omer, 1, 25-26; Yehavé Daat, 3, 25)

Le jeûne ne concerne en aucun cas un garçon né après une fille, puisqu'il n'est pas premier né.
Par contre, dans certaines communautés, on avait la coutume que même les "premières nées" jeûnent. Rabbi Yossef Karo cite ce minhag (O.H., 470, 1). Il était basé sur les midrachim qui relatent que ne sont pas seulement les premiers nés garçons égyptiens qui étaient morts lors de la dixième plaie, mais les filles aussi. D'autres midrachim ne parlent que de mâles, qui occupaient des postes de responsabilités et excitaient les populations égyptiennes contre les Hébreux.
Certains (Keter Chem Tov Gaguin, 3, 17) font remarquer qu'il est écrit que D'ieu frappera TOUS les premiers nés d'Egypte et que cela comprend donc les filles aussi (Chemot 11,5; 12, 12;12, 29). Mais je ne pense pas que ce soit un argument de poids, tant il est évident que la Tora parle souvent de TOUS les premiers nés et ne comprend que les garçons (Chemot 13, 2; 13, 13).
Il est aujourd'hui unanimement accepté que seuls les garçons ont l'obligation de jeûner.

En ce qui concerne ce que vous ont dit les deux rabbins, je vous serais reconnaissante de leur demander la source de ce qu'ils disent; je n'ai moi-même rien trouvé qui soutienne ce qu'ils vous ont dit, bien que je puisse comprendre la logique halakhique de ce qu'ils avancent.