Conversation 31366 - Pourquoi sauter?

avner2
Mardi 23 mai 2006 - 23:00

Bonjour à tous,
Quelqu'un pourrait-il m'expliquer pourquoi les jour de jeûne, dans la paracha Ki Tissa que nous lisons à min'ha, nous passons du chapitre 32:11-14 au 34:1-10 ?

Nathan Schwob
Mardi 5 décembre 2006 - 08:38

Bonne question qui se pose aussi pour la lecture de la Thora durant la prière du matin.
Cette habitude est très ancienne, puisqu'elle est déjà mentionnée à l'époque des Geonim. Il existait même deux habitudes: suivant la première, au jeûne du 17 Tamouz, on ne sautait pas le passage intermédiaire qui raconte comment Moché brisa les tables de la loi, puisque c'est la date de cet évènement. Suivant la seconde, il n'y avait pas de différence entre le 17 Tamouz et les autres jeûnes.
Alors pourquoi sauter?
Le but des jours de jeûnes n'est évidemment pas d'avoir faim, le jeûne favorise la prise de conscience de la fragilité humaine, de sa tendance à la superficialité,de la situation d'exil etc.…, le tout pour amener à la Techouva. Dans cet ordre d'idée, la première partie de la lecture rappelle qu'une fervente prière à la possibilité d'annuler le plus grave des décrets, la deuxième partie qui contient les 13 attributs de bonté, de D., rappelle que D. attend des hommes qu'ils s'améliorent pour pouvoir faire résider Sa Présence parmi eux et que cette attente prime sur toute punition (1). La partie intermédiaire qui rapporte les conséquences de la faute du veau d'or, quant à elle, s'éloigne du message essentiel du jeûne.
Rajoutons encore que le Talmud (2) retire deux enseignements de la fin de cette lecture: des versets 6-7 Rabbi Yoh'anan enseigne que D. est apparu à Moché comme un officiant enveloppé dans son Talith et récitant les treize attributs, et lui a dit que lorsque les enfants d'Israël suivront cet ordre là, ils seront pardonnés (3). Du verset 10 Rav Yehouda enseigne que D. a conclu là dessus une alliance, et qu'une prière qui rappelle les treize attributs, ne revient jamais sans résultats.

Je propose quand même une seconde explication plus prosaïque. La lecture de la totalité du texte aurait été trop longue (on lit 14 versets et on en saute 44) or pour nos sages qui ont institués cette lecture, il était important, surtout un jour de semaine quand les gens travaillent, de ne pas être trop astreignant. C'est d'ailleurs pour cette raison (entre autres) qu'on ne lit la Haftara (chez les Achkenazes) qu'à Minh'a.

(1) D'après le Rav S.R.Hirsch, dans Rav Elie Munk, Le monde des prières, en hébreu, tome 2, p360.
(2) Roch Hachana 17b.
(3) Rav Moché Botchko explique: "Suivre cet ordre là" cela veut aussi dire, imiter D. en étant bon, patient avec son prochain, en lui pardonnant etc…