Conversation 34938 - Le Grand Israël

bernard69
Lundi 22 janvier 2007 - 23:00

J’aimerais comprendre en profondeur pourquoi dans notre vision dati leumi nous pensons qu’il faut que nous ayons tout de suite une souveraineté absolue sur la totalité de la terre d’Israël.

Je comprends, à mon humble niveau bien sur, la divergence de « foi » entre les visions haredim (les pères) et dati/haredi leumi (les fils) sur le fait de percevoir le retour en Eretz Israel comme étant le temps de passage de la Galut à la Geoula et donc comme étant (enfin) le retour à notre dimension de Klal et non plus simplement d’individus regroupés dans des communautés, le retour à une dimension plus complète de la Torah nous permettant de redevenir un « Am Qadosh » sur la terre de la « Qedusha », et donc que pour nous l’Etat d’Israel à un sens et une certaine Qedusha et n’est pas juste un simple état de galut « bis » qui nous permettrait seulement d’habiter en Eretz Israël.

Nous reconnaissons la centralité de Eretz Israel dans ce processus de Geoula, car cette accomplissement total ne peut se faire qu’en Eretz Israël, la terre de la «Qedusha », car cette terre n’est pas une chose extérieure à nous mais est intimement liée à la nation (et l’individu) en lui permettant d’exprimer ou d’avoir accès à des dimensions supplémentaires de son être (prophétie, …).

Mais nous savons aussi que c’est un travail long et progressif, qu’il faut s’armer de patience car il implique de retrouver l’unité entre les différents « profils identitaires » qui composent le Klal Israel chacun avec leur(s) valeur(s) qui parfois s’opposent (haredim de galut, haredim d’Israel, laïc de galut universalistes, laïc sioniste, post sioniste, dati leumi, haredi leumi,…)

Dans ce cadre, pourquoi la vision dati leumi privilégie-t-elle aujourd’hui aussi nettement le discours sur l’intégrité de la mitsvah collective de la terre d’Israel, devoir d’asseoir notre souveraineté et de prendre possesion de la terre, au détriment d’autres problématiques du processus de la geoula : diffuser la Torat Erets Israel au non religieux ; diffuser la emunah Torat Erets Israel dans le monde « religieux » sur la prise de conscience de ce temps de passage et de la « valeur » de l’Etat (ce qui n’est pas du tout le cas en galut, par exemple); tout faire pour renforcer la cohésion et la vie sociale du klal ; etc… ; quitte a accepter (temporairement) des compromis pour faire progresser chacune des problématiques de la Geoula en parallèle ?

Est-ce une obligation « halachique » claire de la Torah d’Eretz Israel : aucun compromis territorial n’est possible et nous avons une obligation stricte de continuer à prendre possesion de la totalité de la Terre ou est-ce une option politique ?

Est-ce le fait que nous sommes les seuls, parmi les différents profils d’identité du Klal Israël, à vraiment revendiquer cette valeur, et qu’il nous faut donc la (sur)défendre coûte que coûte, un peu comme les haredim ashkenaze sont prêt à aller jusqu’au bout pour défendre aujourd’hui le respect du shabbat (voir affaire Elal)…
L’unité des valeurs se ferait alors par « friction » de chaque groupe défendant à l’extrême ses valeurs essentielles ?

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 8 février 2007 - 07:43

Chalom,

La question de savoir si un compromis territorial est envisageable aux yeux de la Halakha est sujette à discussion. Il y a une quinzaine d'années, le Rav Ovadia Yossef a écrit un article dans lequel il a prouvé que si les conditions politiques l'exigeaient, ce serait autorisé. Le Rav Shaul Israeli a écrit une réponse où il prouve le contraire.
Bien qu'il ait été possible aux yeux de la Halakha de faire un autre choix, il ne serait pas honnête de qualifier le choix qui a été fait de choix politique. Ceux qui militent pour l'intégralité du territoire (et dont je ne fais pas partie) le font par conviction religieuse.
On accuse couramment les sionistes religieux de délaisser toutes les valeurs qui ne sont pas liées à la Terre d'Israël. Cette accusation est infondée.
Ils se trouvent aujourd'hui partout où il faut faire preuve d'idéalisme, partout où il faut donner. Ils oeuvrent dans le social, dans l'éducation, travaillent pour rapprocher le peuple vers la Tora.
Cela se fait parfois très discrètement, sans beaucoup de publicité, mais de manière très efficace.
Pour reprendre les termes de votre intervention, je dirais que le "groupe" sioniste religieux a ceci de particulier qu'il ne défend pas à l'extrême une valeur, ce que font les autres groupes, mais est extrémiste dans un grand nombre de valeurs. C'est ce "multi-extrêmisme" qui crée cette impression de tiédeur.