Conversation 3950 - Acrobaties pour un perilleux minyan

Anonyme
Mercredi 22 janvier 2003 - 23:00

J'aurais 2 questions à vous poser :

1/ Il y a certains jours où on doit pas dire les Tahanounim (Roch Hodech, fêtes ...). Certaines Kéhilots tunisiennes ne les disent pas le jeudi qui précéde la lecture de parachat Yitro, car ils ont une fête ce jour là qui s'appelle Séoudat Yitro. Est-ce correct d'agir ainsi, sachant par ailleurs que le sidour Ich Matslia'h (de minhag tunisien) ne mentionne pas cette suppression des Tahanounim ?

2/ Je prie tous les matins dans un minian d'une synagogue d'un quartier excentré de la ville où je réside. La consitution quotidienne de ce minian est souvent difficile, et nous arrivons rarement à être plus de 12 ou 13 personnes, et qui plus est n'arrivent pas toujours à l'heure fixée. Nous sommes contraints parfois de prier sans qu'il y ait minian malheureusement (1 fois sur 3 en moyenne). Se pose également le problème du tout petit minian, comme le fait d'être 10 à commencer la amida en même temps, d'être 9 répondant de manière certaine au kaddich et à la kédoucha, le problème de la hazara (être 9 à répondre amen notamment) avec des personnes ne priant pas au même rythme, ou arriavant à des moments différents, d'aiileurs nous ne faisons pratiquement jamais la hazara et raccourcissons les tahanounim du lundi et du jeudi ...
Que dois-je faire :
Continuer ces acrobaties, en n'étant pas sûr d'avoir accompli parfaitement mon devoir, et ne pas abandonner ce minian au demeurant fragile (1 en moins sur 12, ça fait beaucoup).
Ou alors aller prier dans un des nombreux autres minianim de la ville où ces problèmes ne se posent pas.

Merci pour vos réponses et les références qui pourraient s'y rattacher.

Rav S.D. Botshko
Jeudi 27 février 2003 - 23:00

1) S'il y a un Rabbin dans cette communauté, c'est lui qui doit dire la Halakha, ou si il a lui-même un doute il s'adressera à un Rav de son choix qui le conseillera.

S'il n'y a pas d'autorité religieuse dans cette communauté, je conseille de ne pas faire de Makhlokète pour la lecture des Tah'anounim. On sait que dans certaines communautés h'assidiques, ils sont supprimés facilement, par exemple à l'occasion de hiloulot de grands Rabbanim. Certes, certains décisionnaires se sont élévés contre la facilité avec laquelle on supprime les Tah'anounim, et à priori, il ne faut les supprimer que lorsque cela est explicitement rapporté dans la Halakha (voir Emek Yehochoua livre 5 réponses 23 et 24). Mais ceux qui suppriment ont sur qui s'appuyer et la dispute sur ces questions est plus nuisible que la suppression elle-même.

En quelques mots expliquons que les Tah'anounim sont une des trois formes de supplication dont est composée la prières. On prie assis (la lecture du Chema et ses bénédictions), debout (la Amida) et penché (en effet, nombreux sont ceux qui lisent penchés le premier chapitre des Tah'anounim). Ces trois formes de prière représentent trois types de relation avec Hachem. "Assis" représente l'acceptation du joug divin dans la vie. Pour nous, Hachem est présent en tout temps. "Debout" est une "rencontre" intime avec Hachem où nous ôtons de nos pensées toute autre préoccupation pour "parler" avec le Tout Puissant. "Pencher", c'est exprimer que nous ne sommes rien face à Hachem, que nous nous annulons devant Lui.

2) La Guemara enseigne que l'on ne demande pas à quelqu'un de fauter ne serait-ce qu'un petit péché pour que son prochain ait un mérite. (Chabbat 4a). Toutefois Tossafot rapportent qu'il y a des exceptions, en particulier s'il s'agit de faire du bien pour "rabbim", c'est-à-dire pour une communauté.
Aussi, à priori vous n'êtes pas tenus de renoncer à un minian normal d'autant plus, que comme vous, les autres membres de la communauté peuvent prier dans d'autres synagogues. Mais, si cette communauté répond à un besoin et que grâce à elle des gens qui n'ont pas la possibilité de prier ailleurs peuvent prier et si autour de cette communauté, s'organisent des cours de Torah, cette communauté devient une "mitsva collective" pour laquelle on peut faire des efforts. Mais il faut lui trouver des perspectives d'avenir, c'est-à-dire travailler pour augmenter le nombre de membres pour que les difficultés que vous rencontrez n'aient qu'un temps.