Conversation 48536 - Scrupules commerciaux

zaw
Dimanche 23 août 2009 - 23:00

Bonjour,
Je travaille pour une société israélienne possédée par un israélien (juif).
Je suis commercial dans cette société et mon travail consiste donc à trouver de nouveaux clients.
Récemment, au cours d’un RDV, j’ai été amené à rencontrer le dirigeant et propriétaire (juif également) d’une société qui souhaite offrir ses services à la notre. Le service en question permettrait à ma société de proposer de nouveaux services.
Connaissant la propension à préférer l’achat à la sous-traitance au sein de la société où je travaille, j’ai orienté le RDV en ce sens en demandant à mon interlocuteur s’il pourrait concevoir de nous vendre sa société plutôt que de nous compter parmi ses clients. La réponse positive nous amena à discuter d’une commission pour moi si l’affaire se réalisait.
Vous voyez maintenant se profiler la question …
Mon intégrité est ce que j’ai de plus cher au monde et je ne la marchanderai jamais.
Toutefois je n’ai pas l’intention de refuser une parnassa parfaitement propre, je crois même savoir que c’est interdit.

Ma question est donc la suivante : Puis-je accepter la commission en cas de rachat ?
Quelques petites précisions afin que vous ayez toutes les données :
POUR :
Le travail pour lequel je reçois un salaire n’a rien à voir avec l’acquisition d’autres sociétés.
Je n’ai pas du tout été chargé par ma société de trouver une société de ce type en vue d’un rachat.
Je ne manigance aucunement pour que la société soit achetée trop cher afin d’augmenter ma commission, je n’en ai absolument pas le pouvoir d’ailleurs.
Je pense sincèrement que cet achat serait bon pour la société où je travaille et qu’il nous apporterait un avantage certain sur la concurrence.
Je ne suis pas le décideur final et je n’ai pas choisi cette société plutôt qu’une autre pour toucher un pot de vin.
Cette commission me sera attribuée car j’aurai usé (pas abusé) de la confiance que me confère ma hiérarchie pour faire véhiculer l’idée d’achat jusqu’au décideur et que si l’affaire se faisait, cela serait bel et bien grâce à moi.
J’insiste par ailleurs sur le fait que je ne reçois pas de salaire de la société qui m’emploi pour faire cela mais pour trouver des clients, ce qui n’a strictement aucun rapport.

CONTRE :
Mes scrupules viennent du fait que je ne peux pas me permettre d’être totalement transparent vis à vis de la société qui m’emploie car ils n’accepteraient pas que je touche une commission.
Egalement, j’aurais fait remonter l’information même sans commissionnement car je pense que c’est bon pour la société. Alors puis-je vraiment accepter de l’argent pour ça ?
Par ailleurs, je suis un peu juge et partie, mais je suis sincère quand je recommande l’achat et mon influence sur le décideur est plus que minime. Je ne fais que véhiculer.
Alors, suis-je un peu trop scrupuleux ou bien devrais-je même avoir honte d’avoir envisagé la chose ? :)
Je vous remercie d’avance pour votre réponse détaillée et surtout avec un oui ou un non très clair (mais un oui, c'est mieux:) Encore merci

Rav Reouven Ouziel
Jeudi 3 septembre 2009 - 00:46

Pour résumer la question [qui est un peu longue!], est ce qu'un salarié peut recevoir une commission dans le cadre de son travail, ou tout bénéfice est à remettre à l'employeur?

Le Ram"a dans le Shoulkhan Aroukh ['Hochen Michpat 183 par.6] ramène l'opinion de Rashi sur Ketouvot 98b que dans le cas où le client a nommément exprimé le désir de donner quelque chose à l'intermédiaire, il pourra le prendre.
Et même selon l'opinion du Ri"f ramenée par Rabbi Yossef Karo, qui préconise de partager la commission, c'est parce que l'argent de l'employeur a permis ce bénéfice, ce qui n'est pas le cas ici puisqu'il s'agit d'une initiative indépendante.

Donc, vous pouvez prendre la commission [et peut-être y a-t-il aussi une commission sur la commission pour moi puisque j'ai donné la "bonne" réponse?...]
Behatsla'ha!