Conversation 49350 - four de Hakhnay

estrella06
Vendredi 16 octobre 2009 - 23:00

Chalom

Pourriez-vous me parler du "four de Hakhnay" ?
Merci

Jacques Kohn z''l
Dimanche 18 octobre 2009 - 00:56

Un four fabriqué en tuiles découpées et liées avec du sable n’est pas soumis aux règles de pureté et d’impureté selon Rabbi Eliézèr. Les autres Sages pensent le contraire. C’est ce qu’on appelle le four de ‘Akhnaï (du serpent). Pourquoi ce nom ? Rabbi Yehouda au nom de Chemouel répond : Ils l’ont entouré d’arguments comme un serpent (qui forme un cercle pour faire entrer sa queue dans sa bouche) et ont prouvé son impureté. Une barayetha enseigne : Ce jour-là, Rabbi Eliézèr répondit à toutes leurs objections, mais les Sages n’en acceptèrent aucune.
Il leur dit alors : « Si la loi est comme moi, que ce caroubier le prouve ! » Le caroubier se déracina et parcourut cent coudées. Et selon certains quatre cent coudées. Ils lui dirent : « On n’apporte pas de preuve d’un caroubier ! »
Il dit alors : « Que ce courant d’eau prouve que j’ai raison ! », et l’eau remonta le courant. Ils répondirent : « on n’apporte pas de preuves d’un courant d’eau ! »
« Que les murs de la maison d’étude le prouvent ! ». Les murs commencèrent à s’effondrer quand Rabbi Yehochou‘a les apostropha et leur dit : « Si des Sages se disputent au sujet de la loi, de quoi vous mêlez-vous ? » Les murs ne tombèrent pas, par respect pour Rabbi Yehochou‘a et ne se redressèrent pas, par respect pour Rabbi Eliézèr.
Il leur dit : « Que les cieux le prouvent ! » Alors, une voie céleste sortit et dit : « Qu’avez-vous contre Rabbi Eliézèr ! La loi est toujours comme lui ! »
Rabbi Yehochou‘a se redressa sur ses jambes et dit : « La Tora n’est pas dans les cieux ! » (Bamidbar 30, 12). Quelle en est la signification ? Rabbi Jérémie dit : « La Tora a déjà été donnée au mont Sinaï; nous n’avons donc pas à tenir compte d’une voie céleste, car il est écrit : Selon la majorité, on tranche la loi. » A ce moment-là, Rabbi Nathan rencontra le prophète Elie et lui demanda : « Que dit maintenant le Saint béni soit-Il ? » Il lui répondit : « Il sourit en disant : Mes enfants M’ont vaincu, Mes enfants M’ont vaincu ! » On dit que ce jour-là on apporta tout ce que Rabbi Eliézèr avait déclaré pur et on les brûla. Puis on l’excommunia. Ils se demandèrent qui allait le lui annoncer ? Rabbi Akiva leur dit : « J’irai, de peur qu’un homme non convenable aille et qu’il s’emporte au point de détruire le monde entier. » Que fit Rabbi Akiva ? Il s’habilla en noir (car c’est un signe de souffrance et de deuil), s’enveloppa d’un manteau noir et s’assit devant lui à une distance de quatre coudées.
Rabbi Eliézèr lui dit : « Akiva ! Que se passe t-il aujourd’hui ? » Il lui répondit « Mon maître ! Il me semble que tes amis se sont séparés de toi ». Il déchira alors ses vêtements, se déchaussa (selon la loi de celui qui est banni), et s’assit sur le sol. Ses yeux versèrent des larmes qui frappèrent le monde, un tiers dans ses oliviers, un tiers dans ses épis de blés et un tiers dans les épis d’orge. Certains disent que même la pâte entre les mains des femmes se désagrégea. Une barayetha enseigne qu’un grand malheur s’abattit ce même jour : tout ce que Rabbi Eliézèr voyait, brûlait instantanément. Rabban Gamliel (c’était le Prince d’Israël, et donc le responsable de l’excommunication) était alors en mer et faillit périr noyé. Il dit alors : « Il me semble que Rabbi Eliézèr fils d’Orkenos en est la cause ». Il se releva et dit : « Maître du monde ! Il est évident devant Toi que je n’ai agi ni pour mon honneur, ni pour celui de ma famille, mais seulement pour Ta gloire, afin que ne se multiplient pas les discussions dans le peuple juif. » Alors, la mer redevint calme.
(Baba Metsia 59a et 59b – Traduction : Aaron Laskar).