Conversation 50367 - Voltaire et la moralité d'Israël

babaz
Mercredi 30 décembre 2009 - 23:00

Bonjour,

« Si nous lisions l'histoire des Juifs écrite par un auteur d'une autre nation, nous aurions peine à croire qu'il y ait eu en effet un peuple fugitif d'Egypte qui soit venu par ordre exprès de Dieu immoler sept ou huit petites nations qu'il ne connaissait pas ; égorger sans miséricorde les femmes, les vieillards et les enfants à la mamelle, et ne réserver que les petites filles ; que ce peuple saint ait été puni de son Dieu quand il avait été assez criminel pour épargner un seul homme dévoué à l'anathème. Nous ne croirions pas qu'un peuple si abominable (les Juifs) eut pu exister sur la terre. Mais comme cette nation elle-même nous rapporte tous ses faits dans ses livres saints, il faut la croire. »
Essais sur les Mœurs, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. Introduction:XXXVI-Des victimes humaines, p. 123

Je découvre ces lignes, écrites par une gloire nationale... et cherche à y répondre.

Pouvez-vous m'indiquer ce qui a justifié la violence de cette conquête ?

Merci

Rav Reouven Ouziel
Mercredi 13 janvier 2010 - 04:55

Voltaire n'est pas "une gloire nationale" mais un antisémite primaire et un raciste bouffi d'orgueil.
" Voltaire, dans son « Traité de métaphysique » (1734) se montre partisan de la supériorité des Européens, « hommes, écrit-il, qui me paraissent supérieurs aux nègres, comme ces nègres le sont aux singes…»".
"Voltaire se révèle violemment antisémite dans son ‘Dictionnaire philosophique’. L’article «Juif» est, avec ses trente pages, le plus long du Dictionnaire. Sa première partie (rédigée vers 1745) s'achève ainsi : «... vous ne trouverez en eux qu'un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent»".
"Ils sont ennemis du genre humain. Nulle politesse, nulle science, nul art perfectionne dans aucun temps chez cette nation atroce" - Moeurs et l'esprit des nations (Tome 2, page 83)".
Sa philosophie est simpliste, et il n'est en fait qu'un journaliste doué qui a toujours su utiliser à bon escient les modes de son temps.
Il est très facile de dénigrer n'importe quoi en employant des arguments pseudo-philosophiques qui ne sont que de la démagogie.

Le peuple d'Israël n'était pas un "peuple fugitif" mais un peuple réduit en esclavage durant plus de 200 ans qui parvient avec l'aide de Dieu à sortir d'Egypte et qui reçoit la mission de conquérir la terre de Canaan afin d'y créer un royaume basé sur la justice, la vérité, et l'amour.
Il est vrai qu'il reçoit l'ordre de tuer ceux qui y habitent, mais il convient de comprendre qu'à cette époque [mais c'est malheureusement aussi vrai de nos jours!...], la haine et le refus d'accepter le Peuple d'Israël était tel qu'il n'y avait pas de possibilité de compromis.
Il n'y avait pas non-plus d'accords internationaux permettant de gérer les problèmes de prisonniers, etc. Il n'y a aucune honte à lire dans le livre de Josué le récit des guerres sans merci qu'il menât contre les rois de Canaan, car le critère était qu'il voyait en eux les ennemis de l'humanité, et pas seulement ses ennemis.

Ils avaient une culture idolâtre encourageant l'inceste et autres déviations [voir Vayikra chap.18, 3], et si de nos jours, il est de bon ton de faire preuve "d'ouverture d'esprit", et de tolérance, on doit se demander si cette tolérance est toujours utilisée à bon escient.
Cette tolérance ne cache-t-elle pas de l'indifférence?
"Le Littré de 1882 définit la tolérance comme « condescendance, indulgence pour un péché... qu'on ne peut pas ou ne veut pas empêcher.
Le dictionnaire Robert définit: Elle est le sérieux qui « admet chez autrui une manière de penser ou d'agir différente de celle qu'on adopte soi-même », qui respecte « la liberté d'autrui en matière de religion, d'opinions philosophiques, politiques ». Un système est tolérant, s'il est apte à recevoir l'étranger, le nouveau, sans perdre l'essence de son organisation. Elle se distingue de l'indulgence qui laisse passer ou vivre ce qui est étranger, à condition de ne pas en être touché.

Elle ne pratique toutefois cette ouverture qui la spécifie qu'à certaines conditions. Qui admettrait comme légitimes aujourd'hui des propositions telles que « la vérité est que la terre est plate, que la somme des angles d'un triangle est inférieure à deux droits... » ? Qui oserait parler de vertu de tolérance dans l'acceptation de l'intérêt égoïste des plus forts ?".

Ces quelques citations expliquent bien que la Torah respecte et accepte autrui, et il y a place pour les "beney-noa'h", mais la limite est fixée par les principes moraux qui, s'ils ne sont pas acceptés et respectés, entrainent la ruine du genre humain.

C'est le redoutable honneur du peuple d'Israël d'avoir à diffuser les notions d'amour et de perfection sans refuser de lutter contre le mal, en gardant le juste équilibre entre l'acceptation de tous et de tout, et le refus de l'indifférence et de l'abandon des principes éthiques de l'Homme.