Conversation 6580 - L'histoire du tapis volé

Anonyme
Jeudi 15 mai 2003 - 23:00

Comment reparer la medisance faite a autrui ? Ne pas recommencer suffit-il ?
En ce qui concerne les reparations financieres, voici mon probleme :
Il y a 4 ans j'etais en vacances au Caire et je me trouvais chez un marchand de tapis avec deux amies, je voulais acheter un tapis qui etait pour moi trop cher , j'ai donc preferer ne pas l'acheter, or mes amies ont decide qu'elles me l'offraient pour mon anniversaire. Seulement elles n'avaient pas d'argent sur elles et j'ai ete contrainte d'avancer l'argent.
Au retour du Caire, je me suis brouille avec ces memes amies et je n'ai pas souvenir qu'elles m'aient rendu l'argent. Le probleme est le suivant : je ne me souviens pas s'il s'agissait d'un tapis de 100 ou 200 dollars, et je ne me souviens pas si elles m'ont rendu cet argent.
Je n'ai que l'intuition qu'elles ne me l'ont pas rendu car nous nous etions fachees, et moi , je n'ai pas ose leur demande l'argent. je leur ai ecrit et elles ne se souviennent pas non plus. Le fait que ce doute remane dans mon esprit me fait penser que je n'ai jamais vu cet argent. Que faut-il faire dans ces-cas la ?
Faut-il que j'annule la dette ?
Merci de vos reponses qui sont toujours tres precises et tres completes.
Shabbat Shalom.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 18 mai 2003 - 23:00

Votre récit illustre parfaitement un enseignement pratique du rav Rottenberg zatzal. Assitant une fois à un prêt d'une petite somme d'argent entre deux élèves de la yéchiva, il leur a dit : il faut faire un papier. Autrement dit une "reconnaissance de dette" qui sera détenue par le créancier qui le remettra au débiteur au moment du remboursement. Devant l'étonnement généralisé de tous les pésents et les protestations des protagonistes qui disaient : mais on sait qu'on est de bonne foi ! je ne vais pas lui voler son argent ! le rav a expliqué. Le papier, c'est précisément parce que vous êtes de bonne foi. Après un moment, vous aurez un doute : est-ce que je lui ai rendu ? Et vous vous ne voudrez pas accepter l'argent parce que "peut-être il m'a déjà rendu ?" et ça va vous empoisonner l'esprit par le doute réciproque et en fin de compte, l'un redonnera la même somme à la tzedaqa parce qu'il ne voudra pas garder de l'argent qu'il considère comme ne lui appartenant pas, et l'autre fera acte d'abandon de propriété pour que - au cas où l'autre ne lui aurait pas rendu, il ne soit pas détenteur illicite du bien d'autrui.
Dans votre cas, si personne ne se souvient exactement de rien, où est le tapis ? Chez-vous. C'est donc comme si vous l'aviez acheté. Comme vous ne pourriez pas jurer qu'elles ne vous ont pas rendu l'argent et bien qu'elles ne nient pas la dette à l'origine mais disent ne pas non plus se souvenir, je ne vois de part et d'autre que cette solution - et si possible, réconciliez-vous. Nous avons suffisamment d'inimitiés autour de nous. Un peu plus de chaleur et d'amitié ne peuvent faire que du bien !

Anonyme
Mardi 20 mai 2003 - 23:00

Concernant la reponse a la question 6580, j'aimerais avoir une petite precision : J'ai lu dans un traite de Moussar que si l'on vole quelqu'un ,on lui vole sa vie. Et aussi qu'il fallait rembourser ses dettes.
Dans ce sens j'aimerais savoir s'il y a eu vol et si j'annule la dette, il n'y aura plus d'Averot.
Pouvez-vous me le preciser ?
Merci encore pour toutes vos reponses tres encourageantes.

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 21 mai 2003 - 23:00

Il me semble que d'après la description donnée précédemment de la manière dont les choses se sont passées, il y a eu un prêt dont on n'arrive à savoir avec certitude ni le montant exact ni s'il a été remboursé ou non. En tout cas, il ne s'agit pas de vol ni de malveillance caractérisée.
S'il a été remboursé et que le débiteur voulant être "en règle" décidait de rembourser quand même (une seconde fois) le créancier ne pourrait pas accepter car s'il a déjà été remboursé une première fois il aurait reçu l'argent deux fois et serait alors lui en situation de détenir la somme indûment.
Selon le principe talmudique qui veut que celui qui réclame à son prochain doit fournir la preuve de son droit, nous sommes ici dans une impasse puisque les deux parties reconnaissent ne pas pouvoir affirmer ni infirmer la réalité de la dette.
Il me semble donc qu'il faille ici séparer les deux cas, celui du débiteur et celui du créancier.
Le créancier devrait annuler la dette afin que le débiteur ne soit pas en faute à son égard.
Le débiteur devrait verser le montant "litigieux" à une oeuvre (Talmud Thora, Tzedaqa...) afin de n'être pas en possession d'une somme qui ne lui appartient pas.
Les deux opérations sont indépendantes l'une de l'autre et relèvent davantage d'une conduite de piété et de conscience morale que des exigences "légales".
En tout cas, de cette manière, les deux parties seraient quittes.
J'insiste encore sur le fait qui si elles se réconcilient de surcroît, c'est encore mieux !