Conversation 90701 - Violence conjugal au féminin

Bonjour
Je souhaite soulever un sujet qui n'a jamais été traité ici
Voici mon histoire
J'ai 55 ans.
Je n’avais jamais été marié. Jamais eu d’enfants.
Je vivais une vie libre, stable, et apaisée.
Je ne cherchais plus rien, j'avais abandonné l'idée de construire un jour un foyer, jusqu’au jour où je suis tombé sur une femme qui m’a fait croire que je pouvais encore aimer.
Elle avait 17 ans de moins que moi. Elle m’a séduit, flatté, captivé.
J’ai cru à son discours, à son besoin de famille, à ses valeurs.
Alors j’ai tout donné : je l’ai épousée, j’ai assumé son fils, et je suis devenu père, d'une petite fille, à mon tour quelques mois plus tard.
je lui ai offert des fleurs, des bijoux, je me suis occupé de son fils comme ci c'était le mien
je ne refusais pas grand chose...
Mais très vite, tout a changé.
Le masque est tombé. Les humiliations ont commencé.
Chaque semaine, j’ai entendu que j’étais laid, inutile, remplaçable, « un homme à qui elle avait rendu service ».
Elle m’a isolé, insulté, rabaissé.
Elle est allée jusqu’à me pousser à bout, jusqu’à ce que j’appelle la police pour éviter un drame.
Et même là, elle m’a fait passer pour le coupable.
Elle voulait me frapper et j’évitais les coups sans la frapper
je l'immobilisais, je ne voulais pas la mettre KO, mais elle trouvait le moyen de me griffer et occasionner des blessures, même au visage
j'ai fait 24h de garde à vue à cause d'elle
je suis arrivé au commissariat le visage en sang
les policiers ont bien compris et ont fini par nous menacer de faire placer notre fille
J’ai tout supporté pour ma fille.
j'ai même dormi dans ma voiture une nuit dans le parking
J'ai appelé maintes fois sa famille qui à toujours minimisé en disant que je la rendais nerveuse, qu'elle était enceinte, qu'elle venait d'accoucher etc ...
tout cela à duré des mois ...
Mais un jour, j’ai compris : je n’étais plus un mari.
J’étais devenu un punching-ball émotionnel.
Alors je me suis relevé psychologiquement
Pas par faiblesse. Par survie.
et j'ai commencé à répondre à ces menaces et insultes
j'avais décidé de ne plus rien laisser passer
Aujourd’hui, je me suis reconstruis. Lentement. Mais librement.
Et si je raconte tout ça, ce n’est pas pour me plaindre.
C’est pour qu’on sache que les hommes aussi peuvent être victimes.
Et que la violence psychologique, même sans coups, détruit des vies.
La procédure de divorce est aujourd'hui entamée et c'est inéluctable
je verrais ma fille le week-end
j'aimerais avoir votre avis à ce sujet
Merci

Chalom,
Tout d'abord, permettez-moi de préciser que ce site étant dédié principalement aux questions de halakha, il ne se destine pas, a priori, à répondre à des récits de vie ou à des souffrances personnelles. Toutefois, face à la sincérité et à la gravité de votre témoignage, il me semble important — par empathie et par responsabilité humaine — de prendre le temps de vous répondre avec respect et attention.
Ce que vous décrivez est à la fois bouleversant et d’une grande dignité. Il faut beaucoup de force pour reconnaître qu’on a été brisé, manipulé, détruit psychologiquement, et en même temps continuer à agir, à protéger, à se relever. Vous avez vécu ce que beaucoup d’hommes subissent en silence : de la violence conjugale, pas forcément avec des coups, mais par des humiliations répétées, une emprise émotionnelle, un isolement destructeur. Et vous avez tenu. Vous avez continué à être un mari, un père, un homme, malgré les blessures, malgré la solitude, malgré l’incompréhension.
Vous avez dormi dans une voiture, vous avez supporté des accusations, vous avez tenté d’alerter une famille qui n’a pas su — ou voulu — voir. Et malgré tout, vous ne vous êtes pas effondré. Vous vous êtes relevé. Vous avez mis une limite. Non pas par égoïsme, mais par survie.
Aujourd’hui, vous reconstruisez quelque chose. Vous affirmez que les hommes aussi peuvent être victimes. Et vous avez raison de le dire. Il ne s’agit pas ici de minimiser la souffrance des femmes victimes de violences — mais de rappeler que la violence n’a pas de genre exclusif. Il y a des victimes, et il y a des bourreaux. Il y a des êtres humains qui détruisent, et d’autres qui subissent. Ce que vous avez vécu est grave. Et votre parole a de la valeur. Elle peut libérer d’autres voix. Halakhiquement, protéger sa vie, son intégrité, sa dignité fait partie des obligations fondamentales. Aucun engagement marital ne peut justifier l’annihilation de soi. Vous avez accompli une mitsva en ne vous laissant pas détruire. Vous avez choisi la vie, pour vous, et pour votre fille. Le lien avec elle sera ce que vous en ferez : stable, aimant, respectueux, réparateur. Vous pouvez être un repère, même à distance. Un jour, elle comprendra. Peut-être pas dans l’immédiat, mais elle comprendra. Et ce jour-là, elle saura qu’elle a un père droit, digne et aimant. Je vous souhaite une paix intérieure grandissante, de trouver un nouvel équilibre, et de ne jamais douter de votre valeur. Vous avez été fort. Continuez à l’être, sans honte, sans silence.
Un mot de Torah, si vous me permettez. La Torah nous ordonne d’aimer son prochain comme soi-même. Cela implique aussi de s’aimer soi-même assez pour dire stop quand une relation devient toxique.
Le Rambam (Maïmonide) rappelle que vivre dans un environnement de violence ou de dénigrement permanent est un danger pour l’âme. On ne peut pas cultiver la lumière dans l’obscurité constante.
Bivrakha.