Conversation 1851 - Prononciation du nom divin

Anonyme
Mardi 24 septembre 2002 - 23:00

Ma question part du constat qu'il est interdit, meme durant la priere, de prononcer le nom d'hachem comme il est ecrit "youd ke vav ké", en le remplacant par ado... durant la priere, qui lui meme est remplacer par hachem le reste du temps etc...
Quelle est donc l'importance qu'il faut accorder au differentes "versions" du nom d'hachem?
Un commandement interdit de prononcer son nom. Mais de quel nom parle - t-il?
Si il est interdit de prononcer son nom, alors pourquoi ado... comme e-lokim ne peut etre prononcé qu'a "certaines" occasions?
Quel rapport y a t-il avec le nom prononcé par le cohen gadol a kipour? (par exemple, pourait on dire qu'il s'agit du "vrai" nom?)

Et dire que bientot son nom sera UN!?

Rav Zécharia Zermati
Mercredi 23 octobre 2002 - 23:00

Chalom,

je vous recopie ici le contenu partiel d'un fascicule que j'ai édité il y a de cela peu de temps et qui porte essentiellement sur l'opinion des Sages Séfarades; un de nos Chers Rabbanim se fera le plaisir de completer cette réponse en rappelant l'opinion des Sages Askénazes et leurs coutumes concernanr la prononciation ou bien l'écritue des noms Divins, bonne lecture!

1. Le Rambam écrit dans ses lois portant sur les interdictions de serments הלכות שבועות פי'ב הלי'א « C’est une Mitsva de craindre et de respecter le nom Divin, et cela consiste à ne pas le prononcer en vain; ainsi, si par mégarde on en vient à le prononcer sans nécessité aucune, on s’empressera immédiatement de le louer, le respecter etc.. afin d’apprendre à ne pas le dire sans raison ».

2. A ce sujet le grand Rabbin de la ville de Péta’h Tikva en Israël, Rabbi Moshé Malka, originaire du Maroc, dans sa Responsa מקוה מים חלק יו"ד סימן ג' écrit que ces mêmes paroles du Rambam démontrent bien que l’interdit consiste dans le fait de prononcer un des noms Divins en vain, sans aucune raison ou obligation; néanmoins celui qui le fait lors d’une étude ou bien justement pour louer l’Eternel, n’enfreint aucun interdit, bien au contraire il y a, selon lui, en cela une véritable Mistva.

3. Le Ribash, de l’époque des Rishonim de la ville d’Alger, dans sa Responsa סימן ת"ח lui aussi précise : « .. dans un cadre de prières.. ou celui de supplications, on en vient à énoncer maintes fois le nom Divin et on n’enfreint en cela aucun interdit quant au fait de prononcer le nom Divin sans raison, ceci n’est pas considéré comme une raison vaine.. »

4. Le Grand Rabbin de Jérusalem, Rabbi Chalom Messas, lui aussi à plusieurs reprises dément cette nouvelle coutume: celle de ne pas prononcer les noms Divins de façon claire et/ou de les écrire avec un Kouf. Il écrit par exemple dans son livre de Responsa תבואות שמ"ש חיו"ד סימן ע"ד : «Nous n’avons jamais vu chez nos Maitres de mémoires bénies, le fait de rappeler le nom divin en le transformant par l’ajout d’un Kouf tel Elokeinou ou kel etc.. a fortiori si cela est fait lors d’une étude ou bien à l’occasion d’un chant, ceci n’est pas considéré comme une prononciation en vain et il est interdit de le transformer ; ceci est une atteinte même au nom de l’Eternel. A une autre occasion dans sa seconde Responsa שמש ומגן ח"ב סימן נח' אות ח', le Rav écrit : « la coutume des Séfaradim est bien de prononcer les noms Divins de façon complète sans les “escamoter” et bien de les écrire sans y introduire la lettre Kouf, non pas comme le font nos frères Askénazes ».

5. Il en est de même dans les paroles du Gaon le Yaavets, qui écrit dans sa Responsa סימן פ"א : « lorsque je changeais la prononciation des noms Divins, devant mon Maitre, il me réprimandait et me forçait de les dire tels qu’ils sont écrits ».

6. Dans le livre résumant les lois évoquées par le Shlaa Hakadosh, il est dans le même sens écrit: « si les noms Divins sont rappelés lors d’une étude, c’est une Mitsva de ne pas les transformer et de ne pas dire Adoshem etc.. car ceci est une atteinte au respect des noms Divins». קשל"ה דף ק' עמ' א'

7. Le Grand Rabbin Rabbi David Iben Kalifa, d’Ain Témouchent en Algérie, lui aussi traite de ce sujet dans sa fameuse Responsa Darkei David סימן כו' . Voici ses percutantes paroles : « je me souviens que lorsque nous étudions à la Yéshiva devant notre Maitre le Grand Rav Rabbi David Hacohen-Scali (auteur du livre Kiriat ’Hana David) le Talmud ou bien les décisionnaires, nous rappelions et prononcions de façon claire les noms Divins comme les noms Chadai ou Elo’him, lui même nous rappelait et soulignait que son proche et ami en étude de la Torah le grand Gaon Rabbi Yossef Iben Oualid en avait écrit de même. »

En ce qui concerne l’écriture des noms Divins et leurs impressions dans les livres, ceci est sensiblement différent. Notre maitre le Rachbets, de l’époque des grands Rishonim de la ville d’Alger, écrit dans sa Responsa ח"א ס"ב (nous renvoyons, à ce sujet, nos chers lecteurs à la réedition du Kitsour Chout HaTachbets du grand Dayan de Constantine Rabbi Yossef Rénassia, avec notre introduction עמ' ב'), autorisait d’imprimer à la place du nom Divin, deux lettres Youd יי, mais aussi permettaient afin d’éviter l’impression (et non la prononciation) du nom El , le fait d’enchevêtrer la lettre Aleph et la lettre Lamed en une seule lettre.

1. Cette forme d’impression des noms Divins telles l’impression d’un double Youd יי ou bien la lettre daleth ד' à la place du Tétragramme ou bien l’impression enchevêtrée du nom El en une seule lettre, figure non seulement dans les livres du Rachbets (dans sa Responsa et dans son livre Yavin Chémoua) mais aussi dans la plupart des livres de prières imprimés en Afrique du nord comme nous l’évoquerons par la suite et comme nous le démontrons dans notre ouvrage sur les précisions de la Téfila selon la tradition du judaïsme Séfarade d’Afrique du nord « Yikréou Béémét ».

2. Ceci est aussi l’avis du Grand Rav Mékoubal de la ville de ‘Hevron auteur du grand ouvrage Sdei ‘Hemed le Rav Médioni (p.850) que seules les modifications du Rachbets sont acceptables, lorsque l’on s’apprête à imprimer le nom Divin et non pas son escamotage ou bien l’introduction en prononciation ou en impression de la lettre Kouf (Elokim, Kel etc..).

3. Dans le livre de Responsa de l’actuel Rav de la ville de Tel-Aviv, à l’époque Juge Rabbinique en la ville de Péta’h-Tikva, le Rav Chlomo Amar, originaire du Maroc שו"ת שמע שלמה ח"א סימן ו' עמ' נח' lui même remarque et s’étonne du fait que dans plusieurs endroits le Gaon de vilna écrit les noms divins déformés Elokim, Elok etc.. en insérant la lettre Kouf, mais bien vite en vient à la conclusion que cette modification ne peut-être de la main du grand Rav Eliahou de Vilna mais bien l’oeuvre des éditeurs qui par manque de savoir et sous prétexte de précaution en sont venus à ’’escamoter’’ les noms Divins.

4. Au contraire, le Directeur de la Yéshiva Kissei Ra’hamim à Bnei Brak, le Rav Meir Mazzouz, originaire de Tunisie, dans ses remarques et approbations de la Responsa du Rav Amar ci-dessus citée, lui ne s’étonne pas du fait que les Sages Askénazes aient pris pour habitude d’écrire les noms Divins avec la modification de la lettre Kouf ; bien qu’il témoigne que ceci soit aussi la coutume du Ben Ich ‘Hai de Bagdad dans ses livres et qu’en dehors de Sages originaires du Yémen il n’ait pas vu quiconque s’y opposant. Nous nous permettrons, avec tout le respect qui s’exige, d’objecter de même trois points:

 Il est fort possible que ces modifications d’écritures des noms Divins aient été faites par la suite par les rééditeurs, de leur propre initiative comme nous l’avons évoqué ci-dessus à propos du Graa. (Rappelons ici des centaines d’erreurs d’impressions qui figurent dans les livres du Ben Ich ‘Hai aussi bien dans son petit livre de lois que dans son grand commentaire des Aggadot du Talmud Ben yéhoyada, certaines corrigées, d’autres pas encore. Le Rav Meir Mazzouz souligne, dans un de ses feuillets « Or Torah », une des plus flagrantes erreurs d’impressions, en effet le Rav Ben Ich ‘Hai avait pour habitude de citer ses différents ouvrages par les abrévations ס"ק = ספרי הקטןmon petit ouvrage ; et les imprimeurs par excès de zèle mal placé, le remplaçaient par ספרי הקדוש mon saint livre ! ! chose impossible pour un tel Sage empli d’humilité, mais voilà l’erreur est bien possible !

 Quoi qu’il en soit, si toutefois cela était bien l’intention du Ben Ich ‘Hai, ceci n’engage absolument pas les coutumes du judaisme Séfarade d’Afrique du nord, dans la mesure où cela n’est dans aucun endroit rappelé ni dans la Guémara ni dans aucun des décisionnaires.

 A l’encontre de ce que témoigne le Rav Mazzouz, de nombreux décisionnaires se sont plaints de ces modifications tels le Rav Moshé Malka; le Rav David Iben Kalifa et le Rav David Chlouche, que nous citons dans le point suivant.

 Le grand Rabbin de la ville de Natanya, le Rav David Chlouche, dont la famille est une des plus grandes du Maroc, écrit dans sa Responsa חמדה גנוזה ח"ב סי' א' à propos des deux points traités dans ce feuillet : « ceux qui prononcent le nom divin en le modifiant tel Adoshem, Elokim, Tsébakot, et il y en a même qui vont plus loin en exagérant jusqu’à dire KéloKeinou, tous ces gens blessent et font atteinte au respect des noms Divins. Je ne sais qui a trouvé cette invention, qui s’est même introduite au sein de gens de Torah. On en arrive à une situation absurde ; ainsi celui qui vient prononcer les noms divins comme il se doit sans les escamoter, est pris comme un fauteur énonçant le nom Divin en vain ! Il y en a qui vont plus loin dans leur absurdité, et en viennent à dire NétanKel afin d’éviter de dire Nétanel ou bien Beth Kel au lieu de Beth-El ! !

5. En vérité, le Taz lui-même nous le rappelle הט"ז סי' תרכא סק"בlorsque l’on veut éviter de prononcer un des noms Divins tel celui du Adnout, il faut tout simplement dire Achem et ceci rentre tout à fait dans les règles du respect du nom Divin puisque ce langage est celui des Tanaïm « S’il plait à vos yeux Achem ! »

6. Le grand Chaà Hakadosh énonce bien dans ce sens et dans la voie des décisionnaires d’ Afrique du Nord, que tout celui qui veut rappeler le nom Divin au cours d’une étude, se doit (et ceci est une Mitsva) de le rappeler de façon claire par son nom d’Adnout et ne pas lui donner un « surnom » tel Adoshem ou autre. Et ceci est aussi l’opinion du Rav Grantsfield auteur du Kitsour Choul’han Arou’h סימן ו' סעיף ג'.

7. Le même grand Rabbin Chlouche écrit dans sa Responsa citée ci-dessus (סימן ח) : « Sachez que dans les éditions anciennes et originales des livres d’études, on n’imprimait en aucun cas les noms Divins tel que le nom Avay’aha. La coutume était d’écrire et d’imprimer trois lettres Youd comme cela à la place ייי ou bien plus tard, on verra l’impression de deux lettres youd, ponctuées : le premier Youd par un Shéva et le second par un Kamats. Ceci figure de même dans la fameuse Responsa du Radbaz ח"א סי ' רו où il écrit que ce n’est pas par hasard que l’on s’abstient d’écrire le nom Divin en le remplaçant par trois lettres Youd, et cela du fait que la valeur numérique de ces trois lettres corrrespondent justement à celle du nom Divin des quatres lettres, y compris le compte de ses quatres lettres (soit 26 + 4).

8. Le Grand Rav Chlouche va plus loin encore et énonce à propos de la « main leste » avec laquelle on imprime de nos jours les noms Divins dans des livres de Téfila avec leur ponctuation et voici ses paroles : « Ainsi tout celui qui vient à acheter ce genre de Sidourim (livres de prières) ou bien Ma’hzorim des fêtes ou même livres de Psaumes où figurent les noms Divins notamment le nom Avay’a lorsqu’il se trouve enchevêtré avec le nom du Adnout, cela vient renforcer l’action de gens qui fautent envers l’Eternel en entrainant le fait que le nom Divin soit souillé etc.. on les retrouvera au bout du compte avec d’autres ramassis de papiers jetés etc.. ainsi en s’abstenant de les acheter ils en viendront à diminuer leurs ventes jusqu’à l’entière cessation de leur impression afin de revenir à la coutume d’antan : celle d’imprimer à la place du nom Divin, deux simples lettres Youd, ce sont bien ces livres de prières qu’il faut acheter ! ». Nous tenons ici à apporter aux lecteurs un point que nous développons dans notre livre en hébreu sur les précisions et le renforcement du livre de prière Nord Africain « Yikréou Béémet ». Sachons ainsi que le fait d’imprimer de façon liée et enchevêtrée le nom divin Avay’a et Adnout selon la Kabbale dans des Siddourim qui ne sont pas addressés à des Kabbalistes, est une nouveauté qui remonte à moins d’une centaines d’années dans le premier livre de prière qui le fait figurer « Houkot Olam ». Le Grand ‘Hida témoigne à ce sujet dans l’avant-propos du Sidour « Devarim A’hadim » qu’il imprime à Livourne, en voici ses paroles : « et nous y avons imprimé le précieux nom Divin » ; ce qui veut dire que ce même nom Avay’a n’a pas été imprimé jusque là de façon complète, mais la coutume est bien comme nous l’avons évoquée ci-dessus de le souligner en allusion par ces deux lettres Youd. Bien entendu comme certains le déduisent, il est clair que l’idée n’est pas venue au ‘Hida de venir imprimer et proposer un tel Sidour pour la majorité du peuple et les rendre à l’encontre de leur volonté et possibilité, Kabbalistes ! !

En conclusion :

La coutume du judaïsme Séfarade est d’énoncer et de prononcer de façon claire, sans les déformer, les noms Divins tels qu’ils sont écrits (bien entendu le nom Avay’a sera remplacé par le nom Adnout) a fortiori lors d’une étude, de la citation d’un verset ou d’un chant ou piyout.
Bien au contraire, c’est une Mitsva et cela tient du respect Divin.
A l’opposé, concernant l’impression de ces mêmes noms Divins dans les livres en particulier de prières et de psaumes, le Minhag est de les remplacer par les lettres Youd ou Daleth; certains décisionnaires viennent jusqu’à interdire d’acheter ou de prier dans de tels Sidourim qui sont voués après leur temps d’utilisation à être placés à la Guéniza.
Bien entendu les vrais Kabbalistes, sauront eux utiliser avec respect, précaution et intentions ces mêmes écrits et les noms Divins qui y figurent.

NathanninNathan
Mardi 1 juin 2004 - 23:00

Question suite à la 1851(mais il semble que le Rav Zermati ne soit plus dans l'équipe.J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux),on dit Hallelouyah,Yehoyakim,Yehuda,Yoel,Yael,Nathanyahu,etc Le Tétragramme aurait-il plusieurs prononciations?

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 3 juin 2004 - 23:00

Le fait que des lettres du Nom se retrouvent dans divers noms (mais jamais toutes les lettres ensemble) n'a pas de rapport avec la prononciation du Nom lui même. Dans chacun de ces noms d'hommes et de femmes, la prononciation est ce qu'elle est indépendamment de la prononciation du Nom que d'ailleurs nous ne prononçons pas puisque nous disons soit Adonay, soit Elohim à la place.

Il n'est rien arrivé de fâcheux au rav Zermati, sinon d'avoir quitté le site, ce que nous regrettons aussi.