Conversation 20403 - Prier en francais?

mikecheela
Samedi 20 novembre 2004 - 23:00

J’ai pu lire dans le « Guide pratique des Bénédictions » édité par l’Association Israël Haï (troisième édition) au chapitre 28 que : « Les personnes qui lisent l’hébreu lentement pourront réciter le Bircat amazone abrégé à condition qu’elles en comprennent le sens ; sinon, elles le liront entièrement en français. »
Doit on comprendre que si on lit de manière suffisamment fluide pour réaliser cette prière en entier, mais sans forcément en comprendre le sens, autrement que le sens très général de cette prière, il est préférable de la lire dans sa langue natale ?
Et quand est-il de toutes les prières qui comportent quantités de psaumes, textes bibliques et autres textes en hébreu que l’on doit faire trois fois par jour ? La plus part des francophones qui maîtrisent peu ou pas du tout l’hébreu, ne peuvent par conséquence qu’imaginer ou déduire le sens très général de ces prières récitées de manières répétitives. De très bonnes traductions en français existent, « L’arme de la parole » aux éditions Sine-Chine et permettent une bonne compréhension. Cependant à moins de traduire simultanément, il est très difficile de comprendre à chaque paragraphe le sens précis.
Je vous remercie par avance pour vos éclaircissements et le cas échéant de préciser s’il existe plusieurs courants de pensées à ce sujet ?

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 29 novembre 2004 - 23:00

Je n'ai pas vu le guide dont vous parlez.
Rabbi Yehouda haH'assid (Sefer Hassidim chapitre. 588) écrit qu'il est préférable d'enseigner à une personne ne comprenant pas l'hébreu qu'elle prie dans la langue qu'elle comprend. En effet, écrit-il, quelle est la valeur d'une prière qui n'est pas comprise par celui qui la récite?
Il cite à ce sujet les versets d'Isaïe (29, 13): "Ce peuple ne Me rend hommage qu'avec la bouche et ne M'honore que des lèvres, il tient son cœur éloigné de moi…".
D'autres ont voulu prouver du fait que le Kaddiche ait été rédigé en araméen et non en hébreu, que la compréhension de la prière passe avant sa récitation en hébreu.
Mais ce n'est pas l'avis de tout le monde.
Les kabbalistes par exemple, mettent l'accent sur la force mystiques des mots de la prière, sur le choix extrêmement précis des mots qui la composent, tant du point de vue du vocabulaire que du nombre précis de lettres et de mots.
L'opinion la plus répandue est que de manière générale, il est préférable de prier en hébreu, même sans comprendre le texte. La prière a aussi un rôle historique et sociale, et nous permet de nous rattacher aux juifs du monde entier qui disent (à peu de choses près le même texte que nous), ainsi qu'aux juifs des générations précédentes. C'est une des raisons pour lesquelles le texte hébraïque des prières est préférable.
Mais il est bien entendu que prier sans ne rien comprendre au texte que l'on récite est effectivement problématique. Si l'on remplit par là le devoir formel de faire la prière, on voit mal en quoi cette prière pourra se transformer en moment privilégié de rencontre avec D'ieu.
Etudier le texte de la prière, savoir le traduire et comprendre ce que l'on dit doit donc être une des priorités de l'étude. Connaître d'abord le sens général des principaux passages (tout d'abord la première phrase du Chema et la première berakha de la Amida), puis affiner la compréhension jusqu'à comprendre chaque mot, si ce n'est plus (comprendre le sens encore profond, apprécier les nuances et les différentes idées).