Conversation 29992 - Le riz tunisien pour la marocaine

yoni26
Lundi 27 mars 2006 - 23:00

Shalom,
je viens de me marier et ma femme est marocaine, et moi tunisien je voudrais savoir si elle peut manger le riz pour pessah, sachant que j'ai entendu qu'il existe du riz casher lepessah??
KOL TOUV

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 31 mars 2006 - 15:10

Chalom,

Dans le cadre du mariage, selon de nombreux décisionnaires, une femme peut adopter les coutumes de son mari.
La réponse est donc positive.

yoyo051
Lundi 3 avril 2006 - 23:00

Chalom Rav Khan,

Suite à la question 29992.
Me concernant je rencontre le cas inverse. Je suis d'origine algèrienne et ma femme est d'origine tunisienne. Est-ce que la halakha me permet de manger du riz à pessa'h? Si non, comment expliquez vous ce deux poids deux mesures a savoir qu'une femme peut adopter les coutumes de son mari alors qu'un mari ne peut pas adopter les coutumes de sa femme. Les coutumes de la femme sont elles moins importantes que celles des hommes?

Je voudrais par cette occasion vous féliciter de la qualité de vos réponses.

Kol Touv.

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 6 avril 2006 - 19:58

Chalom Rav Khan, Suite à la question 29992. Me concernant je rencontre le cas inverse. Je suis d'origine algèrienne et ma femme est d'origine tunisienne. Est-ce que la halakha me permet de manger du riz à pessa'h? Si non, comment expliquez vous ce deux poids deux mesures a savoir qu'une femme peut adopter les coutumes de son mari alors qu'un mari ne peut pas adopter les coutumes de sa femme. Les coutumes de la femme sont elles moins importantes que celles des hommes? Je voudrais par cette occasion vous féliciter de la qualité de vos réponses. Kol Touv.

Chalom,

Vous touchez là un point important et sensible, et je n'ai malheureusement pas le temps maintenant de faire les recherches nécessaires.
Mon ami, le Rav David Bigman, Roch Yechiva de la Yechiva du Kibbouts Hadati à Maalé Gilboa, a donné récemment un cours sur ce sujet. Je vous en cite les principaux points. Mais je n'ai pas eu le temps de vérifier ses sources et de me faire une opinion personnelle.
L'opinion la plus répandue est que la femme doit suivre les coutumes de son mari.
Mais dans les responsa du 16ème siècle, suite à l'expulsion des Juifs d'Espagne, qui arrivent dans des contrées où il y a des coutumes différentes des leurs, l'opinion la plus répandue est qu'il faut adopter les coutumes du pays où l'on est arrivé. C'est la coutume de l'endroit qui importe, pas celle du mari. Et dans un mariage, la femme rejoint généralement la communauté du mari. Si le mari rejoint celle de sa femme, la coutume de cette dernière primera.
Le Rav Moché Feinstein, au 20ème siècle, considère le mariage comme le passage d'un endroit à un autre, et qui fixe que la femme doit suivre les coutumes du mari (Igrot Moché, O.H., 1, 158) .
Cette opinion ne fait pas l'unanimité. Le Rav Avraham Ytshak Weiss (Minhat Ytshak, 4, 83), par exemple, écrit que tout dépend de la communauté dans laquelle on s'installe. (Je ne suis pas sûr que je comprends le Rav Weiss de la même manière que le fait le Rav Bigman, mais je manque de temps pour approfondir la question).
Le Rav Bigman estime que si il s'agit d'une communauté fermée, c'est-à-dire totalement indépendante et qui est dotée de toutes les structures qui forment une communauté, il faudra suivre la coutume de la communauté. Dans le cas contraire, il n'y a pas vraiment d'obligation de suivre les coutumes du mari.
Le danger de cette manière de voir, est que le critère du choix n'est pas clair. Personnellement il me semble évident que choisir systématiquement la voie de la facilité n'est pas souhaitable.
Il ne faudrait pas donc zigzaguer entre les deux coutumes.

Il ne faut donc surtout pas comprendre que les coutumes de la femme n'ont aucune importance. Au maximum, quand il n'y a pas d'autres critère qui prime, qu'il faut donner la préférence à celle du mari.

Et un grand merci pour vos encouragements.