Conversation 4383 - Quelques coutumes...

Anonyme
Vendredi 7 février 2003 - 23:00

bonsoir,

j'aimerai connaitre la signification decertaines traditions:
1-pourquoi regardent t on ces ongles lors de la avdala.
2-pourquoi fait on trois pas en arriere et trois pas en avant lors de la amida?et pourquoi trois?
3-que represente le vin dans le judaisme?
4-pourquoi salent on le pain lors du motsi?faut il amener le pain au sel ou le verser le sel sur le pain?

merci
shavoua tov

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 10 mars 2003 - 23:00

1: Veuillez, s'il vous plait consulter les reponses 2232 et 3165.

2: Trois pas en avant, trois pas en arriere, trois pas ….
Le Talmud (1) ne parle que de trois pas a faire en arriere apres la Amida. Le fait de faire trois pas en avant avant la Amida est consigne pour la premiere fois au Moyen Age (2), mais il semble evident que l'idee est la meme. Cela marque l'idee que le lieu ou l'on prie est un lieu a part, un lieu special, ou se produit la rencontre avec D'ieu. Les trois pas vers le lieu de la rencontre symbolise notre preparation a cette rencontre. Les trois pas apres, montrent que de meme qu'une personne qui se separe d'un roi ne lui tourne pas le dos (3), de meme quittons-nous le lieu de notre rencontre avec D'ieu a reculons (4).
Le Talmud n'expliquant pas la symbolique du nombre trois, de nombreuses explications ont ete donnees.
Voici quelques unes des raisons qui ont ete evoquees (5):
- Moise a du traverser, en montant au Mont Sinai trois ecrans, un d'obscurite, un de brouillard et un de nuages. Les trois pas que nous faisons avant notre rencontre avec D'ieu symbolisent ces trois ecrans.
-Les pretres avaient trois marches a franchir quand ils descendaient de l'autel. La priere tient lieu aujourd'hui de sacrifices.
D'autres citent un midrache qui parle de trois pas qu'aurait fait Nabuchodonosor en l'honneur de D'ieu et qui lui ont confere le droit de detruire le Temple; nous faisons nous aussi trois pas pour qu'il soit reconstruit.
Une eleve de la Midrasha a emis l'idee qu'il y avait au Temple trois lieux differents a franchir avant que de parvenir au lieu le plus saint du Temple.

Le Rav Hayim David Halevy (6) fait mention d'un minhag qu'il explique selon la meme idee. Avant que de commencer la Amida, dans certaines communautes sefarades, on fait aux autres fideles un signe de la main, signe qui semble signifier au revoir. La aussi l'idee est de marquer que nous allons vers une rencontre importante pour chacun d'entre nous

Notons au passage qu'il n'est presque nulle part noter qu'il faille faire d'abord trois pas en arriere avant que de s'avancer (je n'ai trouve cela ecrit que dans le Kitsour Choulhane Aroukh), et qu'il semble qu'il ne s'agisse que d'une mesure pratique.

3: Le vin: Le vin est la boisson qui confere la solennite aux actes qu'il accompagne, qui les releve. Ceci n'est pas vrai uniquement pour les actes religieux. Il manquera quelque chose a un grand repas s'il n'est pas accompagne de bon vin.
Il y a-t-il lieu de comparer un acte religieux a un bon repas? Oui! La psychologie humaine fonctionne de la meme maniere dans les actes religieux er dans les actes profanes, et le vin y tient sa place.
De plus, le vin, par ses multiples aspects, symbolise de nombreuses facettes de nos vies. Boire du vin peut etre d'une part un acte raffine, refleter un haut niveau de culture materiel, mais il peut, d'une autre part refleter un manque total de culture, faire sombrer les hommes dans les trefonds de l'alcoolisme. Ce peut etre le cas de nombreux aspecrt de la vie humaine. Pensez par exemple a la vie sexuelle, qui peut etre d'une part quelque chose de tres pure et l'expression de l'amour entre une homme et sa femme, entre une femme et son mari, et peut etre d'une autre part le theatre d'une vie de debauche.
Notons que les textes chantant les louanges du vin sont legion dans nos sources, mais qu'on y parle de consommation avec moderation.

4: Le sel et motsi:
A priori, il n'est pas obligatoire d'accompagner le pain du motsi avec du sel. Le Choulhane Aroukh (7) ecrit que si le pain sur lequel on fait motsi est deja sale, ou est bon tel quel, il n'est pas necessaire d'y rajouter du sel, le but de cette operation etant de donner du bon gout au pain sur lequel on fait la benediction. Cependant, on a malgre tout l'habitude de mettre du sel a table (8), la table etant consideree comme un autel sur lequel on offre des sacrifices, et les sacrifices etaient saupoudres de sel …. Et on a aussi l'habitude de saler le pain.
Faut-il tremper le pain dans le sel, ou peut-on mettre les sel sur le pain? L'expression en dont se servent les textes en hebreu est "tremper son pain dans le sel", mais cela reflete surtout la maniere dont on mangeait a l'epoque (rappelez-vous la chanson enfantine "Marie trempe ton pain etc…"). Il arrive souvent quand on fait une mitsva de perpetuer d'anciennes manieres de faire (9). C'est la cas ici aussi. Cependant, si vous demandez l'avis de kabbalistes, ils vous diront non seulement de tremper le pain dans le sel, mais aussi de le faire trois fois.

1: T. B. Yoma 53 b 2: Choulhane Aroukh, O. H., 85, 1, Rema 3: T. Y. Berakhot, 5, 1 4: voir aussi Erlich Ouri, Kol Atsmotay tomarna, haSafa halo miloulith shel haTefila, p. 116-127 5: citees par Rabbi Yosseph Karo dans Beth Yosseph O. H. 123. 6: Mekor Hayim Hashalem, 1, 226 7: O.H. 167, 5. 8: rabbi Moche Isserliss, ibid. 9: Tsipora et Josue font la circoncision a l'aide de pierres taillees, alors que le fer est en usage depuis longtemps.