Conversation 15001 - Reflexions sur les contacts physiques

eliyoël
Mardi 30 mars 2004 - 23:00

Shalom Ravs, et 'hag saméa'h !

Je me pose des questions à propos de la chemirat neguia :
Je voudrais savoir si l'interdiction de contacts physiques est interdite en elle -même ou uniquement à cause des conséquences qu'elle peut entrainer (et des périodes d'impureté) ?
En effet, dans la guémara ketouvot daf 17 amoud bet, il est fait mention d'un Rav faisant danser une jeune mariée, celui-ci répondant à ses élèves qui s'en étonnaient, que le jour où eux-même pourraient la considérer comme un tronc d'arbre [comme lui-même en était capable], ils pourraient aussi le faire.. D'autre part, même si les traductions sont diverses pour le tana'h, il est aussi écrit au sujet de Yaakov, qu'il a embrassé Ra'hel, et ce avant le mariage, donc qu'il a eu un contact physique avec une femme en dehors de la sienne puisqu'il n'était pas encore marié.
Le passage de Ketouvot me turlupine et pour les applications pratiques, a-ton donc le "droit" de toucher la main de la boulangère lorsqu'on lui rend la monnaie, deuxièmement dans le cadre de combats sportifs, y a t-il autorisation de "contacts" ; en effet, bien que je sois conscient des sensations humaines et que "dans le doute abstiens-toi", il me semble qu'il existe des cas où les contacts physiques ne sont pas susceptibles de provoquer quoi que ce soit, et que si tel est le cas, la vie moderne en étant un bon juif entraine à coup sûr des pensées perverses sans qu'on les recherche et qu'il y ait contact physique.
Je dois vous dire que je ne cherche pas à dire que les jeunes gens ont besoin de contacts physiques pour se fréquenter, mais que je ne comprends pas que dans absolument toute situation le contact soit proscris ; de plus, comment peut-on devenir médecin si l'on suppose ce postulat ? Même si un médecin choisit cette voie pour être la "main" de D... lorsqu'il soigne, il reste un humain. Si encore on a besoin de médecins, cette réponse me fait malheureusement penser aux vagues d'interdiction à partir de l'époque de Rambam (qui s'assouplirent ensuite) de s'éloigner du judaïsme en étudiant diverses sciences profanes, mais bizarrement pas la médecine pour des raisons évidentes. Car, malgré votre site qui me met vraiment en joie pour un judaïsme mis en valeur et éclairé, mon environnment tend plutôt à me le montrer bien austère avec toutes les interdictions hala'hiques, dont beaucoup que j'entends qui sont contraignantes et basées sur des raisons qui me parraissent obscures..

Merci et shalom ouvra'ha à tous les Ravs

Anonyme
Mercredi 26 mai 2004 - 23:00

Le contact n'est pas proscrit en toute situation : par exemple, le médecin, l'infirmière, une passante qui aiderait un aveugle à traverser la rue (ou le contraire), autant de situations où le jugement sain montre que l'impératif du moment est plus impérieux que le gueder que les hakhamim ont institué pour éloigner l'homme de la faute.
L'obscurité des motifs appelle la clarté de l'étude - comme vous le savez bien, mais vous n'êtes pas le seul lecteur - et non les facilités du laisser-aller et de la permissivité destructrice de toutes les valeurs (car, ayant renoncé aux sources de la moralité, on n'arrive plus à justifier même celles auxquelles ont voudrait rester attaché).
Et selon la situation, donc, la réalisation de la même Thora, exige des conduites qui peuvent être le contraire absolu l'une de l'autre, comme l'indique le dire talmudique : parfois, l'annulation ponctuelle de la Thora est-elle même son accomplissement et la garantie de sa pérennité (comme Moïse brisant les Tables de la Loi). Encore faut-il disposer de l'échelle des valeurs qui permette de décider où est à un moment donné la véritable urgence.
Si donc vous cherchez à donner ou prendre la monnaie de manière à provoquer un contact, vous êtes en faute. Si involontairement un tel contact a eu lieu, à vous de voir, en vous regardant dans le miroir, si c'était involontaire ou pas et à vous de juger - peut-être faut-il changer de boulangerie...
L'histoire de la mariée le jour du mariage ne pose donc pas vraiment problème. Ce qui en pose un, c'est de considérer une jeune mariée comme un billot.