Conversation 7061 - Liberaux et orthodoxes

Anonyme
Mercredi 28 mai 2003 - 23:00

Bonjour,
De père juif et de mère non juive, je souhaite confirmer mon judaisme mais j'ai lu un message dans lequel il était écrit que lsi l'on vit avec un non juif cela n'est pas envisageable?
Pouvez vous m'éclairer à ce sujet?
Autres questions :
Pour quelles raisons les conversions libérales ne sont pas reconnues par les orthodoxes?
Comment ces deux mouvements apréhendent-ils le phénomène des mariages mixtes qui a créé une génération de "non-juifs" pourtant très attachés à cette religion? Position très délicate que de ne pas être reconnue comme juif par les autres juifs mais de l'être pour les autres!
Je vous remercie d'avance vivement pour votre réponse.
Shalom

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 31 mai 2003 - 23:00

Pour la deuxième partie, c'est à la fois très simple et très compliqué. C'est intellectuellement et spirituellement très simple. Affectivement, c'est très compliqué.
Je me bornerai donc à la simplicité, le côté compliqué étant... compliqué (la complexité étant due au fait que cela met en jeu des personnes réelles, avec leurs souffrances réelles).
Le mouvement réformé est né du désir de Juifs du XIXè siècle de marchander leur appartenance aux sociétés dites modernes au prix de l'abandon de critères fondamentaux de la foi et de la loi juives. (Je sais que l'on va m'accuser de simplification, mais je ne suis pas en train d'écrire un doctorat.) Il suffisait pour ce faire de renoncer à l'aspect révélé de la Thora, de renoncer à l'identité juive en tant qu'identité nationale d'un peuple exilé, vivant en toute loyauté sous la férule - bienveillante ou non - des pays d'accueil, mais s'y sachant étrangère, bien que possiblement intégrée culturellement et socialement (ceci pour obtenir les droits civiques dans les Etats-Nation issus de l'idéologie de la Révolution française et des guerres napoléoniennes). De considérer 25 siècles de tradition talmudique comme archaïque et dépassée. De renoncer aussi au principe selon lequel on ne peut pas sans risque grave séparer la lettre de l'esprit et qu'on ne change pas le monde par des intentions pieuses - même ferventes, mais par des actes.
Ce qui fait qu'en ce qui concerne les conversions, par exemple, ils ont abandonné totalement toutes les règles halakhiques, comme s'il s'agissait d'une adhésion de pure forme à un club sans règlement intérieur et sans tradition. Oh, je sais qu'il existe des cours de conversion pédagogiquement excellents - mais ça change quoi ?

Pour la première partie de la réponse, je dirais qu'a priori tout est envisageable. Le moment venu, ce sera à vous de décider de l'orientation que vous voulez donner à votre vie. En toute liberté. Mais en toute responsabilité aussi, avec les conséquences. Cette décision, personne ne peut la prendre à votre place et je crains même que personne ne puisse ou ne doive oser vous aider à la prendre.
Mais si vous décidez que votre choix est de rejoindre le peuple d'Israël, de dire comme Ruth la Moabite à Naomi : "n'insiste pas pour que je te quitte, que je me détourne de toi, car là où tu iras j'irai et là où tu mourras je mourrai et là sera ma tombe. Ton peuple est mon peuple et ton Dieu est mon Dieu" et que vous faites la preuve, d'abord vis-à-vis de vous-même, que telle est vraiment votre volonté, alors toute l'aide que vous pouvez espérer vous sera acquise